Des parents accompagnant leurs enfants à leur première journée d'école n'ont pas eu droit à la rentrée scolaire rêvée, hier matin, puisqu'il n'y avait aucun titulaire désigné pour la classe de leurs enfants. À la Commission scolaire de Montréal (CSDM), il reste quelques dizaines d'enseignants à affecter.

Hier matin, à l'école Saint-Arsène, rue Christophe-Colomb, dans le quartier Villeray, c'est un suppléant qui accueillait un groupe d'élèves de première année.

« Je sais qu'il y a des drames pires dans la vie, mais c'est une journée importante pour les enfants. Mon garçon était anxieux, c'était pire pour certains enfants qui ont mal dormi. Ce n'était pas la rentrée inoubliable à laquelle on était en droit de s'attendre, et il est important de se rappeler que c'est une journée déterminante pour donner le goût de l'école aux enfants », a déploré une mère qui a pris contact avec les médias, l'auteure et cinéaste Anaïs Barbeau-Lavalette.

À la CSDM, la présidente Catherine Harel-Bourdon a expliqué que dès la fin de la journée, le problème était réglé. « À cette école, on a un congé de travail d'une enseignante qui n'était pas prévu. En raison d'une procédure administrative d'une technicienne, un titulaire n'avait pas été désigné. Mais la situation s'est très vite réglée », a-t-elle assuré.

Dans l'ensemble des classes des 127 écoles de la commission scolaire accueillant 73 000 élèves, on affirme qu'il reste quelques dizaines d'enseignants à désigner, mais que tout devrait être réglé sous peu. La situation est particulière aux écoles de Montréal, puisqu'on compte un millier d'élèves de plus chaque année, des ouvertures de classes « maternelle 4 ans », des inscriptions tardives en raison des déménagements de juillet et l'arrivée d'immigrants.

À l'Alliance des professeurs et professeures de Montréal, on explique que deux journées d'affectation sont prévues cette semaine (les 5 et 6 septembre) pour les enseignants qui n'ont pas une classe désignée dans une école. Des séances ont aussi eu lieu à la fin des classes, en juin.

« On règle 95 % des classes en juin, mais ça n'empêche pas du mouvement en début d'année, affirme la présidente, Catherine Renaud. On comprend la situation pour les parents, nous sommes très empathiques. Mais on ne peut pas prévoir toute la migration sur le territoire. Il y a aussi les congés de maternité qui ne sont pas toujours prévisibles, et les congés de maladie. »

10 remplaçants

L'an dernier, une classe d'une école de Rosemont avait fait grand bruit quand des parents ont révélé que 10 remplaçants s'étaient succédé en quatre mois. La CSDM avait annoncé une série de mesures pour venir à bout d'une pénurie d'enseignants et de spécialistes. Un appel aux enseignants retraités a été lancé, et les finissants des universités ont été contactés par l'entremise de salons de l'emploi.

Aujourd'hui, Mme Harel-Bourdon affirme qu'une banque de 2000 titulaires a été créée. « Mais nous sommes toujours à la recherche d'enseignant et de professionnels. C'est le contexte actuel qui veut ça », dit-elle.

Enjeu de recrutement

Avec plusieurs écoles en décrépitude et les problèmes de congestion routière, le défi de recruter des enseignants est décuplé sur le territoire de la région métropolitaine. Au ministère de l'Éducation, une réflexion a été lancée au printemps dernier pour rendre les écoles plus attrayantes comme lieu de travail. Le Conseil du trésor a également mis en place un comité interministériel afin que les commissions scolaires puissent recevoir des directives sur l'utilisation des crédits budgétaires avant la fin des classes, en juin.