«Ça prend une minute» : Ève Amabili-Rivet entre dans une classe de l'école secondaire Georges-Vanier à Montréal et explique sans détour à une vingtaine d'élèves ce que fait l'organisme Alloprof. Elle livre un message simple, nous sommes là, puis laisse le professeur à ses explications sur le théorème de Pythagore.

Il n'y a pas de temps à perdre. Il fait beau dehors et les jeunes qui sont assis sur les bancs d'école n'ont que trois semaines pour tenter de reprendre ce qu'ils ont manqué pendant la dernière année scolaire. Autant d'heures pendant lesquelles ils ne sont pas avec leurs amis...

Qu'importe s'il fait beau et chaud, ils peuvent quand même avoir recours à Alloprof lorsqu'ils rentrent à la maison et qu'ils peinent à comprendre l'une ou l'autre des matières sur lesquelles ils planchent. Pour la première fois cet été, l'organisme maintient intégralement ses services offerts pendant l'année scolaire.

«S'il y a un moment où les élèves ont besoin de nous, c'est pendant cette période», dit Sandrine Faust, directrice générale de l'organisme. «C'est dur pour les jeunes, les cours d'été. Ils rentrent à l'école pendant que leurs amis jouent dehors, ils rentrent avec un échec. Souvent, le climat familial n'est pas bon, ils ont nui aux plans de vacances, ça entraîne des frais. Ils rentrent la tête basse.»

Les 20 000 jeunes Québécois qui suivent des cours d'été peuvent donc compter cette année sur l'aide de l'organisme fondé il y a plus de 20 ans. Au fil des décennies, les façons de joindre les professeurs qui y oeuvrent ont évolué. Mais, signe des temps, c'est le service d'aide par textos qui est en plus forte croissance, en hausse de 44% cette année.

L'anonymat fourni par les messages textes contribue sans doute à dégêner des jeunes en situation d'échec qui n'oseraient pas demander de l'aide autrement. «Ils sont bons, les jeunes, ils savent texter, dit Sandrine Faust. On leur envoie des images, des liens vers des vidéos. Et puis la communication par texto ne se termine jamais : le jeune peut toujours la réactiver si, pendant qu'il fait ses études, il a une petite question.»

Une année en trois semaines

La Commission scolaire de Montréal donne des cours d'été à trois endroits. L'école Georges-Vanier, dans Villeray, est un de ceux-là. Seulement à cette école, ils sont un millier à y étudier jusqu'au 28 juillet. Les élèves de quatrième et cinquième secondaire y sont bien souvent pour reprendre des examens du Ministère, mais ce sont les élèves de troisième secondaire qui occupent plus du tiers des classes.

«C'est une année névralgique, dit Karine Galipeau, qui officie comme directrice adjointe des cours d'été à cette école. Les jeunes ont 15 ans, ils sont au sommet de l'adolescence et sont comme au milieu de nulle part : ils ne voient pas la fin du secondaire.»

Quant aux élèves de première et deuxième secondaire, l'école d'été sert parfois de mise en garde. 

«C'est souvent des parents qui les envoient pour donner une petite leçon à leur jeune. Ils disent : "Là, t'as pas travaillé, tu vas aller travailler l'été"», dit Mme Galipeau.

À l'école Georges-Vanier, on estime que le taux de succès aux cours d'été est d'environ 50%. «Ça peut paraître peu, mais c'est une bonne formule pour récupérer des jeunes», dit la directrice Annik Thibault.

Peu importe la raison pour laquelle les jeunes se retrouvent dans des classes au beau milieu de la belle saison, ceux qui communiquent avec Alloprof trouveront des professeurs auxquels on a donné un mot d'ordre : «les chouchouter». L'été, les interventions des professeurs de l'organisme sont trois fois plus longues qu'à l'habitude.

«La situation n'est pas facile pour les élèves. On les prend un peu plus par la main et on prend le temps d'être avec eux», conclut la directrice générale de l'organisme, Sandrine Faust.