C'est la fin d'une tradition vieille de 40 ans aux résidences étudiantes de l'Université McGill. Environ 70 étudiants « bénévoles » qui y travaillaient en échange du gîte et du couvert viennent de signer leur première convention collective, qui leur accorde dorénavant un salaire, mais aussi des jours fériés, la rémunération des heures supplémentaires et un processus de grief s'ils s'estiment lésés par l'établissement.

« C'est un immense accomplissement ! », s'est réjouie hier Tuviere Onookome-Okome, vice-présidente du syndicat des étudiants employés de McGill.

« Notre convention crée un précédent pour les autres universités [...]. Elle envoie le message que les jeunes travailleurs doivent être payés pour leur travail et qu'on ne devrait pas abuser d'eux », dit-elle.

McGill accueille environ 3000 étudiants dans ses résidences, dont une majorité d'étudiants de première année. Une grande partie d'entre eux vient de l'extérieur du Québec et du Canada.

Les responsables d'étage (floor fellows, en anglais) sont des étudiants chargés d'animer des activités aux résidences, mais aussi de conseiller les logeurs, les guider, les écouter et les diriger vers des services ou des intervenants dont ils pourraient avoir besoin.

« Ça pourrait par exemple être d'organiser un thé dans la chambre du responsable d'étage. Un responsable d'étage est aussi disponible sur appel de 21 h à 8 h les jeudi, vendredi et samedi pour aider les étudiants qui pourraient être trop saouls ou pour toute autre urgence qui pourrait survenir quand les gens sortent pour la fin de semaine », explique Mme Onookome-Okome.

Depuis une quarantaine d'années, ces étudiants étaient considérés comme des bénévoles par l'université. Ils étaient compensés en bons de repas utilisables sur le campus seulement et pouvaient habiter une résidence gratuitement.

Au cours des dernières années, ceux-ci se sont toutefois regroupés dans un syndicat affilié à l'Alliance de la fonction publique du Canada et ont commencé à réclamer d'être traités en véritables employés. L'an dernier, la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail a déterminé qu'ils étaient bel et bien des salariés au sens de la loi et que McGill devait leur verser un vrai salaire.

La convention collective qui vient d'être adoptée prévoit un salaire de 13,15 $ de l'heure. Les étudiants qui ont assumé la fonction bénévolement depuis 2013 et qui ont quitté l'université recevront aussi un montant forfaitaire.

Un porte-parole de l'université a déclaré à La Presse qu'aucun membre de l'administration n'était en mesure de commenter la nouvelle hier.