L'idée lancée par Mitch Garber de verser une somme d'argent aux diplômés pour encourager la persévérance à l'école a reçu un accueil tiède à l'Assemblée nationale, jeudi.

Le gouvernement Couillard et deux partis de l'opposition se sont prononcés contre l'idée de verser 1000$ aux diplômés des écoles publiques secondaires, comme l'a proposé l'homme d'affaires dans une entrevue à La Presse

À son arrivée à l'Assemblée nationale, le ministre de l'Éducation, Sébastien Proulx, a salué la préoccupation de l'homme d'affaires pour la persévérance scolaire. Mais il a indiqué du même souffle qu'il n'a pas l'intention de mettre en oeuvre sa proposition. 

« Dans tous les plans que nous avons fait, il n'est pas question de bonifier d'une façon comme celle-là la diplomation », a dit M. Proulx.

Plutôt que de rendre la diplomation plus alléchante avec une récompense, le gouvernement a choisi d'investir dans le soutien aux élèves et dans l'aide financière aux études, a souligné le ministre. 

« Ce n'est pas le choix que nous faisons, ce qui n'empêche pas que des gens localement, par des fondations, par des exercices différents, puissent faire ce choix-là », a dit M. Proulx. 

La Coalition avenir Québec et Québec solidaire estiment que le gouvernement devrait investir davantage dans l'aide aux élèves plutôt que dans des bonis pour les finissants. 

« Ça pourrait faire la différence pour certains jeunes qui sont tout près de leur diplôme et qui manquent de motivation, a convenu le député caquiste, Jean-François Roberge. Cependant, quand je regarde le coût de cette mesure, une soixantaine de millions, il me vient pas mal d'idées de mesures qui seraient plus efficaces. » 

Le député juge qu'une telle somme serait mieux investie dans l'embauche de professionnels et de conseillers d'orientation, ou encore dans la formation de classes spécialisées. Il croit que de telles mesures permettraient de rejoindre davantage d'élèves que le versement de bourses. 

« Simpliste » 

Le député solidaire Gabriel Nadeau-Dubois a salué la « bonne volonté » de M. Garber, mais il juge sa proposition « un peu simpliste ». Comme son collègue de la CAQ, il estime que Québec doit embaucher davantage d'intervenants pour identifier les décrocheurs potentiels tôt dans leur parcours scolaire. 

« Ce sont ces jeunes-là qui sont des futurs décrocheurs, a fait valoir M. Nadeau-Dubois. Si on ne les aide pas dès le primaire dans leurs difficultés, on aura beau leur promettre des compensations sept ans plus tard, le problème il faut le régler à la base en encadrant, en accompagnant mieux les jeunes dans les écoles primaires qui ont des difficultés. » 

Le Parti québécois est le seul à avoir manifesté une certaine ouverture face à l'idée de M. Garber. 

« Il est important de débattre et de réfléchir à des solutions pour contrer le décrochage scolaire, a indiqué le député péquiste, Alexandre Cloutier. Toutes les idées sont les bienvenues et doivent être considérées. » 

M. Garber fait valoir que le décrochage scolaire coûte 1,9 milliard par année au Québec, et entraîne une série de problèmes sociaux comme le chômage et la délinquance. 

L'homme d'affaires n'a pas attendu le gouvernement pour mettre en oeuvre sa proposition. À l'occasion de l'anniversaire de sa conjointe, Anne-Marie Boucher, il a versé 50 000 $ à l'école Mont-de-LaSalle, de Laval. Une somme de 5000 $ sera distribuée à des élèves de l'établissement chaque année pendant 10 ans.