Le tollé soulevé par la nomination d'un homme à titre de doyen de la faculté des arts et des sciences de l'Université de Montréal (UdeM) met en lumière la sous-représentation des femmes dans les postes de haute direction des universités.

Dans une lettre ouverte publiée hier dans La Presse, une centaine de professeurs de l'UdeM estimaient que la nomination du nouveau doyen de la faculté des arts et des sciences était un exemple flagrant du « plafond de verre qui empêche les femmes de [l'Université] de prétendre aux plus hautes fonctions ».

Il y a sans contredit une sous-représentation des femmes aux postes de doyens des facultés universitaires au Québec, observe la titulaire de la Chaire Claire-Bonenfant - Femmes, Savoirs et Sociétés de l'Université Laval, Hélène Lee-Gosselin.

« La question implicite, c'est : "Coudonc, qu'est-ce qui se passe ?" Comment se fait-il que dans le cas des femmes, la compétence et les réalisations ne semblent pas suffisantes pour avoir un poste de doyenne ? C'est encore pire au niveau supérieur, où, de toute évidence, elles ne sont pas », dit Hélène Lee-Gosselin.

Hier, l'Université de Montréal a défendu son bilan. « L'Université de Montréal compte 15 facultés. De ce nombre, sept sont dirigées par des femmes et huit par des hommes, une quasi-parité », nous a-t-on répondu par courriel.

Pas de statistiques publiques

Il est difficile de dresser un portrait précis de l'évolution des femmes dans les postes de direction des universités, note Hélène Lee-Gosselin. « Il n'y a pas de statistiques publiques qui permettent d'avoir un portrait juste de toutes les universités québécoises ou canadiennes », dit-elle.

Sur les 17 facultés que compte l'Université Laval, qui vient d'élire une femme au rectorat pour la première fois de son histoire, cinq sont dirigées par une femme. À l'Université du Québec à Montréal, deux femmes dirigent l'une ou l'autre des sept facultés.

À l'Université de Sherbrooke, deux facultés sur huit sont dirigées par des femmes. Toutefois, le recteur élu Pierre Cossette a récemment annoncé que son équipe de direction serait composée d'un nombre égal d'hommes et de femmes.

Ottawa serre la vis

Le portrait est plus précis dans l'attribution des chaires de recherche du Canada, postes fort convoités dans les universités. Actuellement, 30 % des femmes sont titulaires de ces chaires attribuées par le Conseil de recherches en sciences humaines.

La semaine dernière, le gouvernement fédéral a averti les universités qu'elles devraient trouver le moyen de recruter davantage de femmes et de membres de minorités, sans quoi elles pourraient voir leur financement amputé.

« Certaines universités ont fait preuve d'innovation et de leadership en nommant des femmes et des personnes d'autres groupes désignés à des postes de direction. Ce plan invite toutes les universités à poursuivre et à intensifier leurs efforts pour remédier à la sous-représentation », disait alors Ted Hewitt, président du Conseil de recherches en sciences humaines.

Une annonce qui a plu à la titulaire de la Chaire pour les femmes en sciences et génie de l'Université de Sherbrooke, Eve Langelier. « Ça faisait des années qu'il y avait cette demande et il ne se passait rien. Il faut démarrer la machine. »

Elle estime que la question va au-delà des doyens et doyennes. « Dans ma faculté, il y a 6 femmes sur 100 professeurs, dit-elle. C'est préoccupant. Il y a déjà peu

 de filles en sciences et les filles qui sont là n'ont pas de modèles. Avoir une équipe diversifiée, c'est gagnant pour la société, ça permet d'aborder des enjeux différents. »