Québec finance la création de places en service de garde là où il n'y a aucun besoin, a reconnu le ministre de l'Éducation et de la Famille, Sébastien Proulx, hier. Il entend stopper cette pratique et « réviser l'offre de services ».

En vertu d'appels de projets réalisés par les gouvernements Charest et Marois, il reste encore 15 000 places subventionnées à créer d'ici 2020-2021, surtout dans des centres de la petite enfance (CPE), mais aussi dans des garderies privées. Québec a sélectionné les projets il y a plus de trois ans et s'est déjà engagé auprès des promoteurs à les financer.

Or, si le plan était suivi comme prévu, il y aurait, à terme, 6000 places en trop dans le réseau, a confirmé M. Proulx à La Presse, en marge de l'étude des crédits budgétaires du ministère de la Famille à l'Assemblée nationale.

La situation diffère toutefois d'une région à l'autre. « Des secteurs sont en surplus » à l'heure actuelle et compteraient, à terme, 16 000 places en trop. D'autres sont « en déficit ». Il y manquerait 10 000 places. « Au net, il y en a 6000 de trop », a donc conclu M. Proulx.

Son ministère est arrivé à cette conclusion notamment à la lumière des prévisions de naissances et des renseignements contenus dans le guichet unique d'accès à une place en service de garde.

« Si on veut être un bon gestionnaire public, si on veut penser aux contribuables, il faut arrêter de construire des places, d'ouvrir des places ou de donner des permis dans des endroits où on n'en a pas besoin. Ce que je souhaite, c'est que les prochaines places soient à la bonne place », a affirmé le ministre en commission parlementaire.

RÉPONDRE AUX BESOINS

Le ministre Proulx entreprend ainsi « une vaste opération de révision de l'offre de services » de garde subventionnés. « Pour les territoires en surplus, des mesures incitatives, sur une base volontaire, seront mises en place pour favoriser la reprise de certaines places » par le Ministère. Celles-ci seront en partie redistribuées dans les secteurs où il y a des besoins. Pour ces territoires, de nouveaux appels d'offres « ciblés » seront lancés, des projets déjà acceptés seront devancés, ou encore des projets qui avaient été écartés dans le passé seront « réactivés ».

« Au cours des prochains mois, nous verrons à ce que toutes les places qui sont créées répondent à un réel besoin des parents dans chaque milieu », a ajouté Sébastien Proulx, précisant que le réseau « arrive à maturité ».

À l'heure actuelle, des services de garde ont du mal ou prennent plus de temps à combler leurs places dans certaines régions alors qu'ailleurs, des parents restent longtemps sur des listes d'attente. Le Conseil québécois des services de garde éducatifs à l'enfance, qui représente des CPE, confirme cette réalité. « Ça me semble responsable que le ministre fasse cet exercice-là pour ne pas qu'on développe n'importe comment. Mais est-ce qu'on va stopper la création de places subventionnées pour donner le champ libre aux garderies non subventionnées, leur offrir un bar open ? » se demande sa directrice générale, Francine Lessard.

Le nombre de garderies privées non subventionnées a explosé dans les dernières années, à la suite de la bonification du crédit d'impôt puis de la modulation des tarifs selon le revenu dans les services de garde subventionnés. Elles ne sont pas visées par la « révision » du ministre. On y compte 61 400 places, presque 10 fois plus qu'il y a huit ans. Il y a 232 000 places dans le réseau subventionné, une hausse de 26 000 durant la même période.

Nombre de place sous permis

SERVICES DE GARDE SUBVENTIONNÉS

• CPE : 93 932 places

• Garderies privées : 46 498 places

• Garderies en milieu familial :  91 604 places

• TOTAL : 232 034 places

GARDERIES PRIVÉES NON SUBVENTIONNÉES

• 61 400 places