Des professeurs et spécialistes de la Commission scolaire de Montréal (CSDM) ont manifesté hier soir devant le bâtiment administratif où se tenait la séance du Conseil des commissaires. Ils dénoncent la fermeture prévue à l'automne de trois classes réservées à des élèves ayant de graves difficultés d'apprentissage.

Pour l'Alliance des professeures et des professeurs de Montréal, l'idée d'inclure une quarantaine d'élèves dans des classes ordinaires, dans le cadre de trois projets-pilotes, n'est rien d'autre qu'une manière de « camoufler des compressions ».

« On intègre ces élèves sans les ressources nécessaires et on hypothèque leurs chances de réussite. On demande aux enseignants de palier tout ça, et c'est impossible, les défis sont trop grands », a dit la présidente de l'Alliance, Catherine Renaud.

La présidente de la CSDM se défend bien d'agir pour des raisons budgétaires. « Ce n'est pas des fermetures sauvages de classes comme on le laisse entendre. C'est vraiment pour travailler avec la communauté à expérimenter une intégration d'élèves en difficulté d'apprentissage », a affirmé Catherine Harel Bourdon.

La présidente de l'Alliance ne voit pas comment ça pourra se faire. « On veut intégrer les élèves dans des classes ordinaires, mais les classes ne sont plus ordinaires, observe Catherine Renaud. On a 7000 élèves handicapés et en difficulté intégrés dans les classes à la CSDM. Il manque 270 postes pour assurer les services aux élèves. La situation est dramatique. »

LES TROIS PROJETS EN SUSPENS

La CSDM accuse l'Alliance des professeures et des professeurs de bloquer les trois projets. « L'Alliance a demandé à l'ensemble de son personnel de ne pas discuter d'inclusion, de ne pas participer à des formations. Ça m'apparaît très malheureux dans un contexte où il y a à la CSDM un pourcentage important d'élèves avec des besoins particuliers », déplore Catherine Harel Bourdon.

Impossible de savoir si les projets, prévus dans les écoles primaires Montcalm, La Petite-Patrie et La Visitation, iront de l'avant comme prévu cet automne. « On va voir comment les milieux vont participer dans les prochaines semaines, dans les prochains mois, a dit Catherine Harel Bourdon. On ne va pas imposer les projets. »

DES ENSEIGNANTS DIVISÉS

À l'école Montcalm du quartier Saint-Michel, où un des trois projets-pilotes doit être mené l'an prochain, la question de l'intégration ne fait pas l'unanimité.

Hier, trois professeurs qui doivent accueillir l'an prochain des élèves en difficulté dans leurs classes de sixième année défendaient seuls l'intégration des élèves avec de graves difficultés d'apprentissage. À quelques mètres seulement, certains de leurs collègues manifestaient contre l'inclusion avec leur syndicat, qui parle d'un « projet improvisé ».

« On a des collègues qui sont réfractaires à ce changement-là, mais on a un projet qui est novateur, a indiqué David Croteau, enseignant en musique qui participe au projet d'intégration des élèves. Ce sont 15 élèves qui vont retourner en classe normale, où ils étaient au départ. Les parents sont d'accord, on est motivés. »

Photo Bernard Brault, La Presse

David Croteau, Julie Corbeil et Karine Jean-Bart enseignent à l'école Montcalm du quartier Saint-Michel. Ils approuvent l'intégration des élèves avec de graves difficultés d'apprentissage.