Fin de la lune de miel entre le ministre de l'Éducation Sébastien Proulx et les enseignants qui, par la voix de leurs syndicats, ont dénoncé hier en conférence de presse la mise en place précipitée, à leur avis, du cours obligatoire d'éducation financière.

Alors que les futurs cours d'histoire et d'éducation à la sexualité sont en gestation et en rodage depuis quelques années déjà, le milieu de l'éducation ne comprend pas « quelle est l'urgence et à qui le ministre cherche à faire plaisir en allant de l'avant si rapidement avec ce cours », a dit Sylvain Mallette, président de la Fédération autonome de l'enseignement. « Et d'où sortira le matériel pédagogique ? Des institutions financières ? »

Suivant le processus réglementaire qui oblige le ministre à modifier d'abord le régime pédagogique et à laisser 45 jours ouvrables pour des consultations, les enseignants ne seront pas fixés avant la fin d'avril, «  ce qui ne leur laissera jamais assez de temps pour créer le cours et se l'approprier », selon M. Mallette.

« Cette décision prise de façon cavalière témoigne d'un manque total de respect envers les enseignants et elle est de très mauvais augure pour la suite des choses », a lancé à son tour Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l'enseignement. « Ça me fait très peur pour la politique sur la réussite scolaire à venir. »

« Nous ne sommes pas nécessairement opposés à ce cours, mais à la précipitation dans laquelle tout se fait », explique à son tour Sébastien Joly, président de l'Association provinciale des enseignants du Québec. « Ce qu'il faudrait plutôt faire, c'est réévaluer globalement la pertinence de l'ensemble de la grille-matières. »

Les trois organisations déplorent que ce cours d'éducation financière, destiné notamment à faire des élèves des consommateurs plus responsables, viendra réduire de moitié le nombre d'heures consacrées au cours « Le monde contemporain », un cours d'histoire et de géopolitique très apprécié, disent-elles.

UNE RÉFLEXION MOINS COMPLEXE

De son côté, en entrevue, le ministre Proulx admet que les choses sont peut-être faites plus rapidement que ce à quoi le milieu est habitué, mais il signale qu'il a manifesté il y a plusieurs mois son intention de mettre en place ce cours « dont on ne peut pas comparer la complexité avec les cours d'histoire ou d'éducation à la sexualité », qui sont nécessaires à la sanction des études ou qui s'étendent sur plus d'une année.

Comme les heures de cours ne sont pas élastiques, l'annonce de ce cours d'éducation financière de 50 heures a lancé tout un débat dans le milieu de l'éducation sur la pertinence des cours offerts en général, notamment le cours d'éthique et de culture religieuse, offert au primaire et au secondaire.

Dans ce cas précis, le ministre Proulx a dit qu'il y avait de fait nécessité d'y réfléchir, particulièrement dans la mesure où le cours est donné sur plusieurs années.