À la veille des audiences nationales de la Commission sur l'éducation à la petite enfance (CEPE), qui doit faire le bilan de la politique familiale du Québec 20 ans après son implantation, un sondage Léger commandé par les commissaires démontre que deux parents sur trois veulent qu'un programme éducatif obligatoire soit mis en place dans les services de garde.

Un tel programme éducatif se voudrait une façon d'assurer que les tout-petits sont initiés aux activités d'apprentissage déjà prévues dans leur programme scolaire.

Le président de la CEPE, André Lebon, s'est réjoui de constater que la qualité du service éducatif des centres de la petite enfance est chère à la grande majorité des 1000 Québécois sondés.

Il s'inquiète toutefois des disparités d'opinions observées entre les différents groupes d'âges. Parmi les répondants favorables à l'implantation d'un programme éducatif obligatoire en services de garde, 61 pour cent sont âgés de 18 à 44 ans et sont donc plus susceptibles d'être de jeunes parents, a relevé M. Lebon en entrevue à La Presse canadienne. Chez les 45 ans et plus, cette proportion est plutôt évaluée à 41%.

«J'y vois là un signe (...) qu'il faut continuer de défendre l'enjeu de la petite enfance au plan sociétal, parce que c'est comme si les gens, une fois qu'ils ont traversé cette période avec de jeunes enfants (...) semblent ne plus se soucier de (cette question).»

Les répondants au sondage ont également été interrogés sur la qualité des services offerts et sur l'accès à des places subventionnées pour les enfants vulnérables.

M. Lebon a mené des consultations auprès d'intervenants en petite enfance dans 14 municipalités du Québec en compagnie des commissaires Martine Desjardins et Pierre Landry.

Au terme de cette tournée de deux mois, deux jours d'audiences nationales de la commission s'ouvriront mardi à Montréal au cours desquelles 26 organisations présenteront leurs mémoires.

Les principales inquiétudes manifestées durant les deux mois de consultation concernent l'émergence de ressources éducatives en services de garde privés. «(Ils) n'ont pas à répondre à des exigences de qualification de personnel, de programmation éducative (...) et ne sont pas tenus aux mêmes ratios que les garderies en milieu familial qui sont régies par des bureaux coordonnateur», a dit M. Lebon.

Par ailleurs, 70% des sondés souhaitent que les enfants issus de milieux défavorisés bénéficient de places subventionnées en services de garde ainsi qu'en maternelle quatre ans.

À l'heure actuelle, seulement 19% des enfants qui fréquentent des maternelles quatre ans «n'étaient pas déjà dans un service de garde», a relevé le président de la CEPE.

«On doit poursuivre l'objectif de rejoindre des enfants qui n'ont pas eu la chance d'être en milieu de garde éducatif et on ne doit pas remplir ces classes-là avec des enfants qui ont déjà des services», a soutenu M. Lebon.

Soixante et un pour cent des parents interrogés dans le cadre du sondage Léger évaluent par ailleurs que la qualité des services offerts est bonne ou excellente. Pour l'ensemble des sondés - y compris ceux qui n'ont pas d'enfant - cette proportion est plutôt de 56%.

La Commission sur l'éducation à la petite enfance - initiative de l'Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE) - doit déposer un rapport au début février.

Le dépôt de ce rapport sera le «déclencheur» d'un sommet sur la petite enfance où les propositions mises de l'avant par la CEPE seront débattues, a affirmé M. Lebon. Il n'a toutefois pas voulu fournir plus de détails sur ce sommet à être annoncé, mais a indiqué que de nombreux organismes prévoient déjà y prendre part.

Lorsqu'elle a été lancée en 1997 par le gouvernement de Lucien Bouchard, la politique familiale visait à permettre aux parents une meilleure conciliation travail-famille et à offrir aux enfants une égalité de chances dès le plus jeune âge.

Ce dernier objectif n'a pas été atteint, croit le président de la Commission sur l'éducation à la petite enfance. «Il y a encore un tiers des enfants qui, à l'âge de quatre ans, n'a fréquenté aucun service de garde éducatif et souvent ce sont les enfants les plus vulnérables qui en auraient eu le plus besoin», a-t-il dit.