Dans la foulée de la tuerie d'Orlando, une motion d'urgence sera déposée au conseil de la Commission scolaire de Montréal (CSDM), ce soir, pour remettre à l'avant-scène les exercices de confinement dans les écoles. Malgré un engagement pris il y a deux ans, aucun comité n'a été mis sur pied par la haute direction pour engager une réelle réflexion avec des experts, a-t-on appris.

La commissaire qui déposera la motion, Violaine Cousineau, explique que la demande émane de parents de trois écoles primaires, dont une de la commission English-Montreal, dans le Sud-Ouest, secteur Pointe-Saint-Charles.

Elle estime toutefois qu'elle obtiendra l'appui majoritaire du conseil, surtout à la lumière des événements survenus en Floride. C'est le choix des experts qui pourrait faire dissention.

«C'est un hasard si la motion est présentée quelques jours après la tuerie d'Orlando. Mais ça prouve que la question est plus pertinente que jamais», dit Mme Cousineau.

Il y a deux ans, une soixantaine de parents ont réclamé sans succès la mise sur pied d'un tel comité. Pendant que la plupart des autorités, dont le Service de police de Montréal (SPVM), encourage ce genre de simulations, des parents avaient dénoncé les terreurs engendrées chez certains enfants, plus particulièrement ceux du primaire. On craignait aussi l'impact négatif sur le comportement de certains jeunes.

«Un cadre clair»

À l'heure actuelle, il appartient à chaque établissement scolaire de décider si oui ou non, et sous quelle forme, se tiendront des exercices de confinement. En vertu de la loi sur la sécurité publique, seuls les enseignants et le personnel ont l'obligation de suivre une formation.

Selon les dernières données accessibles, à peine une dizaine d'établissements sur près de 200 à la CSDM ont soumis les élèves à des exercices de confinement. Et c'est sensiblement le même scénario dans les autres commissions scolaires, qui ne tiennent pas de données précises. À Longueuil, le service de police n'est pas en faveur des exercices avec les élèves.

«Il est temps qu'on se penche sérieusement sur la question. À la CSDM, le profil de nos élèves est varié. On a une clientèle vulnérable, des élèves handicapés, des élèves provenant de zones de conflits de l'éducation aux adultes, aussi. Il faut un cadre clair», dit Mme Cousineau.

Depuis 2008, un programme en cas d'attaque dans les écoles est en place à la Sûreté du Québec, qui recommande, à l'instar du SPVM, aux établissements de faire l'exercice en présence des élèves.

Selon les données de la SQ, 60% des écoles font des exercices de confinement uniquement avec le personnel, alors que seulement 6% des établissements font les simulations avec les élèves.

Bouclage obligatoire

Dans la province voisine de l'Ontario, toutes les écoles publiques ont l'obligation de procéder deux fois par année à un bouclage de l'école, appelé communément lockdown. Les exercices sont encadrés par des règles ministérielles.

Selon le gouvernement, le bouclage de l'école sert à développer chez les élèves et le personnel «les habitudes et réflexes» propres à protéger leur vie en cas d'événement grave. Il est question de fusillade, mais aussi d'incendie, de séisme, etc.

En plus des simulations, l'Ontario a élaboré un guide qui doit être affiché bien en évidence dans les écoles. Les directions ont l'obligation d'identifier un site d'évacuation et de réunification des familles. Trois locaux doivent être destinés à devenir des postes de commande. Il y a même l'obligation que trois sacs d'urgence soient disponibles en tout temps, avec à l'intérieur, entre autres, les clefs maîtresses de l'école.