Le gouvernement « a très peu d'outils » pour empêcher des enfants de fréquenter des écoles clandestines comme celle où la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) est intervenue mercredi à Montréal, a reconnu le ministre de l'Éducation, Sébastien Proulx.

« Actuellement, on a très peu d'outils pour intervenir, c'est une réalité, a admis M. Proulx jeudi matin. Il y a encore du travail à faire. »

La loi impose aux parents - et non au gouvernement - la responsabilité de scolariser leurs enfants, a souligné le ministre. C'est ainsi que le ministère de l'Éducation ne conserve aucune donnée sur des élèves qui ne fréquentent pas son réseau.

« Un élève, un enfant qui n'a pas de code permanent, n'existe pas au ministère de l'Éducation, a reconnu le ministre Proulx. C'est une réalité. »

Le Ministère est donc incapable de faire appliquer la loi. C'est ainsi la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) - qui relève du ministère de la Santé - qui intervient lorsqu'une école clandestine est découverte.

« Je travaille actuellement sur un projet pour mieux encadrer toute cette question », a indiqué M. Proulx.

Les commentaires du ministre surviennent 24 heures après que la DPJ, aidée du Service de police de la Ville de Montréal, est intervenue dans une école juive clandestine sur l'avenue du Parc.

La ministre déléguée à la Santé, Lucie Charlebois, a indiqué mercredi que l'intervention dans cet établissement était un « drôle » de hasard. En effet, un comité interministériel créé en 2014 se penche présentement sur la question des écoles illégales.

Les écoles clandestines hassidiques préoccupent la communauté juive

Des représentants de la communauté juive ne cachent pas leur malaise face à l'intervention, mercredi, de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) dans une école juive hassidique clandestine à Montréal.

En entrevue avec La Presse Canadienne, le directeur des affaires publiques du Centre consultatif des relations juives et israéliennes-Québec (CIJA-Québec), David Ouellette, a tenu à rappeler que les écoles juives sont bien intégrées dans le réseau institutionnel et répondent en tous points aux exigences du ministère de l'Éducation.

«L'éducation est une valeur fondamentale du judaïsme. Nous sommes très fiers de notre réseau d'écoles affiliées au réseau institutionnel. Ce sont d'excellentes écoles avec virtuellement aucun décrochage.»

Il en a profité pour inviter la communauté hassidique à se conformer à la Loi sur l'instruction publique du Québec «parce que chaque enfant québécois a un droit non négociable de recevoir une éducation qui lui permette de s'épanouir dans tous les domaines», a-t-il dit.

M. Ouellette a reconnu que de telles situations peuvent nuire aux relations entre sa communauté et le reste de la population.

«On est conscients du fait que, lorsqu'il est question de juifs au Québec, il est plus souvent qu'autrement question de la  communauté hassidique (...) Nous sommes une minorité invisible: pour ceux d'entre nous qui ne sommes pas religieux, on n'a rien de distinctif, alors ces controverses nourrissent une perception fautive de la majorité des juifs du Québec.»

Il note au passage que la problématique n'est pas limitée au Québec. «Dans tous les pays où on compte une importante communauté hassidique, on vit le même défi d'amener ces écoles à se conformer aux lois sur l'éducation, que ce soit aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en Belgique ou même en Israël.»

«C'est vraiment une question épineuse qu'aucun gouvernement à date n'a réussi à résoudre», conclut-il avec résignation.

- Avec Pierre Saint-Arnaud, La Presse Canadienne