Il existera dorénavant un Observatoire des tout-petits, au Québec, dans lequel toutes les données imaginables et inimaginables sur le 0 à 5 ans seront regroupées. Il sera en ligne à partir d'aujourd'hui. Il nous apprendra, notamment, qu'un enfant sur quatre (26 %) à la maternelle est vulnérable dans au moins un domaine de son développement, ce qui signifie qu'il est susceptible d'être moins bien outillé une fois à l'école. Cette proportion grimpe à 31 % (un enfant sur trois) dans les milieux les plus défavorisés, selon une étude de l'Enquête québécoise sur le développement des enfants à la maternelle (EQDEM).

Fannie Dagenais, directrice du nouvel Observatoire, une créature de la Fondation Lucie et André Chagnon, explique qu'au-delà des données, ce projet servira de levier pour rassembler les milieux des affaires, des sciences et des citoyens derrière la cause.

« Ces données existent, mais elles n'ont jamais été regroupées, dit-elle. Par exemple, une étude de Harvard a démontré qu'un dollar investi chez un tout-petit générera à long terme entre 4 $ et 9 $. Nous avons l'intention de suivre 80 indicateurs, de les analyser et de les communiquer. »

Autres données intéressantes ; selon des chercheurs de la Colombie-Britannique, uniquement 5 % des problèmes de développement chez les enfants s'expliqueraient par une maladie ou un problème à la naissance. L'Observatoire entend aussi mettre en lumière des études démontrant que la maternelle à 4 ans comporte de nombreux avantages. Ainsi, une étude a déjà démontré que les enfants de milieux défavorisés ayant fréquenté un service de garde et la maternelle à 4 ans sont moins nombreux (23 %) à présenter des vulnérabilités.

L'Observatoire des tout-petits a déjà rallié des partenaires derrière son projet, dont des politiciens municipaux. John Husk, conseiller municipal à Drummondville, estime que les villes doivent penser aux 0-5 ans avant de développer les municipalités.

« Ce n'est pas compliqué, estime M. Husk, il faut construire en pensant à un enfant de 5 ans. Il faut une densité conviviale, avec l'accès aux commerces, aux écoles, aux parcs. Il faut pouvoir sortir de sa voiture. Il y a énormément d'enjeux dans la petite enfance et l'implication des gouvernements de proximité. »