Retour à l'équilibre budgétaire oblige, la Commission scolaire de Montréal (CSDM) prévoit sortir de ses écoles les animateurs de vie spirituelle et d'engagement communautaire. Ils sont une bonne douzaine à l'heure actuelle. Mais, selon les plans, il n'en restera plus que deux pour couvrir l'ensemble des 166 établissements primaires et secondaires du territoire une fois le couperet tombé.

«Ces postes sont effectivement en jeu», a-t-on confirmé à la direction de la CSDM. La décision définitive sera annoncée en séance extraordinaire le 11 mai. Les conseillers pédagogiques spécialisés sont aussi dans la ligne de mire, de même que les orthopédagogues, a ajouté Christine Mitton, conseillère stratégique au bureau de la présidence.

À l'heure de la tolérance zéro en matière d'intimidation dans les écoles, ce sont les animateurs de vie spirituelle et communautaire qui jasent avec les élèves de l'accueil des réfugiés syriens, de radicalisation, de harcèlement sexuel, d'homophobie ou d'environnement. Ce sont eux qui parlent de démocratie et qui aident les jeunes à devenir des citoyens autonomes.

«Nous sommes aussi dans les écoles pour stimuler l'engagement communautaire, on anime des ateliers. Au fil des ans, notre profession s'est transformée», explique Jean-Luc Gagné, animateur de vie spirituelle à la CSDM.

Selon Pierre Bélanger, président de l'Association professionnelle des animateurs de vie spirituelle et d'engagement communautaire (APAVECQ), la CSDM est en train de signer une « mort lente » de la profession en abolissant la quasi-totalité des postes. Et d'autres commissions scolaires ont l'intention d'emboîter le pas, estime-t-il.

Bémol de Québec

Les plans de coupes des différentes commissions scolaires pourraient toutefois être contrecarrés. Au ministère de l'Éducation, on indique que les règles budgétaires ont changé cette année. L'enveloppe réservée aux animateurs n'est plus inscrite dans une allocation plus large appelée «mesures d'appui», ce qui laissait plus de marge de manoeuvre aux commissions scolaires.

«Depuis 2002, l'allocation pour les animateurs de vie spirituelle était attachée aux salaires du préscolaire et primaire. Les commissions scolaires devront effectuer une reddition de comptes au Ministère au cours de l'année, ou à la fin de l'année financière. Le financement de ces mesures est protégé», a expliqué Bryan St-Louis, responsable des relations de presse au ministère de l'Éducation.

L'an dernier, la CSDM a supprimé près de 175 postes (sur plus de 15 000) pour réduire son déficit, dont près de 70 postes de professionnels. Avec 18 millions à résorber cette année, d'autres services vont écoper, notamment dans les bibliothèques. À l'Alliance des professeurs de Montréal, on attend avec impatience que la CSDM dépose ses prévisions budgétaires au conseil des commissaires, mercredi prochain.

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Dans les cinq dernières années, le budget alloué par les commissions scolaires aux animateurs de vie spirituelle dans la province a fondu, passant de 15,3 millions en 2011-2012 à 12,4 millions en 2015-2016.

Commission scolaire de Montréal

2011-2012 : 931 342 $

2015-2016 : 778 376 $

Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys

2011-2012 : 520 512 $

2015-2016 : 457 229 $

Commission scolaire de la Pointe-de-l'Île

2011-2012 : 406 581 $

2015-2016 : 342 568 $

Commission scolaire de Laval

2011-2012 : 514 518 $

2015-2016 : 434 104 $

Commission scolaire English-Montréal

2011-2012 : 360 798 $

2015-2016 : 271 474 $

Sans égard à l'appartenance religieuse

En 2002, des États généraux ont eu lieu sur la place de la religion à l'école au Québec. Le ministère de l'Éducation a alors prévu un service éducatif complémentaire d'animation spirituelle et d'engagement communautaire au primaire et au secondaire pour remplacer l'animation pastorale. On y précisait que le service serait dorénavant défini à l'intérieur de «cadres nationaux» et qu'il serait financé par l'État. Le cadre ministériel prévoit que le service d'animation spirituelle et d'engagement communautaire est offert à tous les élèves, sans égard à leur appartenance religieuse. Il est vu comme un service au carrefour des courants et des influences qui marquent la vie des jeunes.

- Avec la collaboration de William Leclerc