Les 1100 professeurs de l'Université du Québec à Montréal (UQAM) tiennent aujourd'hui leur deuxième journée de grève en un mois afin de se prononcer sur une offre «finale et globale» de la direction. Un gouffre sépare les parties.

Le 31 mars, la direction a présenté au Syndicat des professeurs et professeures de l'UQAM (SPUQ) sa dernière offre en vue de renouveler les conventions collectives échues depuis le printemps 2013. Elle veut augmenter les salaires «selon le même pourcentage que la politique salariale du gouvernement (PSG)».

C'est donc dire que les professeurs auraient droit aux mêmes augmentations que les employés de l'État. La PSG représente en effet les hausses salariales que le gouvernement Couillard a consenties au Front commun syndical en vertu de l'entente de principe conclue en décembre. Elle n'inclut toutefois pas les sommes forfaitaires et les gains liés à la relativité salariale prévus à cette même entente.

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Offre de l'UQAM 

2013 : PSG de 1,75% déjà versée

2014 : PSG de 2% déjà versée

2015 : PSG de 1% déjà versée

2016 : PSG (1,5%)

2017 : PSG (1,75%)

2018 : PSG (2%)

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Dans son offre finale, la direction fait valoir un «contexte financier difficile». Québec a imposé des compressions budgétaires de 270 millions dans le réseau universitaire au cours des dernières années. Son réinvestissement de 20 millions pour 2016-2017, dont potentiellement 2 millions à l'UQAM, laisse un «manque à gagner important», ajoute la direction. L'UQAM sera dans le rouge d'au moins 10 millions pour 2015-2016 et a un déficit accumulé de plus de 200 millions.

Les inscriptions d'étudiants sont également en baisse dans cet établissement du Quartier latin. «Dans un tel contexte, l'UQAM ne peut offrir, ni ne pourrait justifier d'offrir, plus que les montants alloués par le gouvernement provincial dans le cadre de sa politique salariale gouvernementale (PSG)», estime la direction.

Or le SPUQ demande des hausses salariales largement supérieures à la PSG. «Les professeures et professeurs de l'UQAM ont une échelle de traitement inférieure à celle de leurs collègues des autres universités québécoises», soutient-il. Il réclame donc un rattrapage.

Sa dernière proposition, présentée le 22 mars, prévoit des augmentations rétroactives de 6% et des hausses de 4,5% pour les trois prochaines années, en plus de la PSG.

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Proposition du SPUQ : 

2013 : 2% + PSG déjà versée

2014 : 2% + PSG déjà versée

2015 : 2% + PSG déjà versée

2016 : 1,5% + PSG (1,5%)

2017 : 1,5% + PSG (1,75%)

2018 : 1,5% + PSG (2%)

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L'écart est du simple au double entre les parties. Pour la période 2013-2018, l'offre de l'UQAM représente 10% d'augmentation, dont une part de 4,75% a déjà été versée. Les demandes syndicales atteignent quant à elles 20,5%.

Les deux parties ne s'entendent pas non plus sur l'augmentation du plancher d'emploi.

Les professeurs se prononceront aujourd'hui sur l'offre «finale» de la direction et sur la poursuite des moyens de pression. Ils avaient tenu une première journée de grève le 8 mars.

Les professeurs de l'UQAM ont déjà touché des hausses salariales à titre de rattrapage lors des précédentes négociations. Mais les gains ont été insuffisants pour renverser la tendance, selon le syndicat. De 2009 à 2012, les professeurs ont obtenu 9%, en plus de recevoir les mêmes augmentations que les employés de l'État durant cette période - car ils bénéficiaient aussi de la PSG à ce moment.