En plus du siège social de l'Université du Québec, la TELUQ se retrouve dans le collimateur du gouvernement Couillard, a appris La Presse. Sa fermeture est même envisagée.

Le ministère de l'Éducation est en train de revoir l'organisation de la formation universitaire à distance, qui est le champ d'activités de la TELUQ. Le cabinet du ministre François Blais l'a confirmé à La Presse hier.

L'abolition pure et simple de la TELUQ, connue aussi sous le nom de «Télé-Université», fait partie des scénarios à l'étude. «Nous voulons avoir des pratiques plus efficaces», a résumé l'attachée de presse du ministre Blais, Julie White.

La formation à distance a «beaucoup évolué depuis la création de la TELUQ» en 1972: les universités ont conçu leurs propres programmes au fil des ans. «C'est important pour nous, la formation à distance, et ça va continuer de l'être. Mais c'est sûr qu'on se demande comment ça peut être déployé au Québec. Est-ce que ça peut être mieux?», a-t-elle ajouté.

Le gouvernement vient de recruter la personne responsable de ce chantier: l'actuelle directrice générale de la TELUQ, Ginette Legault. Le Conseil des ministres a causé la surprise dans le milieu universitaire mercredi en annonçant sa nomination au poste de sous-ministre adjointe à l'Enseignement supérieur.

Mme Legault a confirmé son départ aux quelque 300 employés de la TELUQ dans une lettre que La Presse a obtenue. Elle y explique sa mission au Ministère, où elle entrera en fonction dès le 16 novembre. «Parmi les divers mandats qui me seront dévolus, j'aurai le souci de donner un élan à la formation à distance au Québec, écrit-elle. Je reçois ce nouveau mandat avec le projet de lancer une réflexion collective à laquelle seraient associés la TELUQ et les établissements d'enseignement supérieur sur l'organisation et le développement de la formation à distance. Le gouvernement du Québec compte appuyer cette réflexion qui aura un impact important sur l'offre actuelle en formation à distance dans l'ensemble des établissements d'enseignement au Québec. La TELUQ devra être en mesure d'adapter sa mission et aura un rôle-clé à jouer tout en démontrant, plus que jamais, son leadership.»

Ses propos envoient le signal qu'une importante réforme se prépare, mais ils ne donnent pas la pleine mesure de l'exercice en cours. Car l'existence même de la TELUQ est en jeu. Le cabinet du ministre Blais refuse en effet de dire si l'organisme restera en activité. Ginette Legault, qui dirige la TELUQ depuis 2013, n'était pas disponible pour répondre aux questions de La Presse, hier.

Le Conseil supérieur de l'éducation (CSE) s'est penché tout récemment sur la formation à distance dans les universités. Dans un avis intitulé Un potentiel à optimiser, ce comité chargé de conseiller le ministre de l'Éducation recommande entre autres «d'augmenter le nombre de cours et de programmes à distance qui sont offerts sur la base d'une collaboration entre des universités ou des unités d'enseignement». Le CSE note que l'expertise de la TELUQ en formation à distance est «incontestable», mais que l'histoire de cet organisme «est qualifiée d'assez tumultueuse». Son rôle au sein du réseau universitaire a été remis en question à plusieurs reprises. Le CSE écorche la TELUQ sans pour autant se prononcer sur ce que le gouvernement devrait en faire. «À sa création, la TELUQ s'est vu confier la mission de coordonner l'offre de formation à distance au sein du réseau de l'Université du Québec. Or, force est de constater qu'elle ne joue pas ce rôle: chaque composante a mis en place ses propres activités de formation à distance. La direction actuelle de la TELUQ ne manque toutefois pas d'exprimer son souhait d'accroître dans l'avenir ses collaborations avec les autres universités québécoises», écrit-il.

Toujours selon le CSE, la TELUQ agit davantage aujourd'hui comme une «vraie université» et non comme une organisation qui coordonne la formation à distance.

En 2005, la TELUQ avait été rattachée à l'UQAM, mais ce mariage a été un échec. Elle a retrouvé son autonomie en 2012. Son siège social se trouve dans le quartier Saint-Roch à Québec, comme celui de l'Université du Québec, d'ailleurs.