Pendant que se rassemblaient, hier, les 400 personnes inscrites au Forum des idées pour le Québec sur l'éducation, qu'organise le Parti libéral cette fin de semaine, au moins autant de manifestants exprimaient à l'extérieur leur colère de ne pas avoir été conviés à la rencontre.

Parmi les protestataires, il y avait des enseignants, des psychoéducateurs, des orthophonistes, des éducateurs spécialisés et des employés des cégeps, entre autres, qui dénonçaient la tenue d'un forum auquel ne sont invités que des gens qui n'en ont «rien à cirer de leur réalité», pour reprendre les mots de Louise Chabot, présidente de la Centrale des syndicats du Québec.

«C'est aux acteurs du milieu qu'il faut demander où sont les besoins. On est dehors, on est dans la rue, parce qu'on n'a jamais été invités», a-t-elle dénoncé. «Il y a quelque chose de profondément indécent, alors qu'on peine dans les milieux, qu'on ne nous consulte pas et qu'on tienne un forum avec des gens qui n'en ont rien à cirer de notre réalité.»

À l'intérieur, des panélistes sont conviés pendant les prochains jours à discuter d'un «système d'éducation pour le XXIe siècle», ainsi qu'on a nommé le forum. «Ça fait 15 ans, monsieur Couillard, qu'on est au XXIe siècle», a pesté Louis Chabot. «Vous auriez peut-être dû y penser avant de couper royalement.»

«Bien sûr, il y a des pressions, on le voit autour même de cet édifice», a reconnu le premier ministre, dans son allocution d'ouverture. «Mais c'est encore plus important parce qu'il y a ces pressions, d'aller plus loin dans le temps. [...] C'est ce genre de réflexion à laquelle on vous convie cette fin de semaine. Parce que, oui, on va redresser les finances publiques et, malgré le défi démographique en cours, on va faire mieux.»

«Gérants d'estrade»

Sinon, les doléances des personnes qui se sont rendues devant le collège Champlain, à Saint-Lambert, concernaient le choix des personnes invitées au rassemblement. À propos des gestionnaires, directeurs généraux et anciens directeurs d'école qui forment les groupes de discussion, Louise Chabot a dénoncé une vision de «gérants d'estrade». «Les lunettes de ces acteurs-là sont l'économie et le marché du travail. Mais ce n'est pas ça, l'éducation.»

Seuls pour représenter les élèves, selon eux, les présidents de diverses commissions scolaires se sont invités au forum. «On aurait aimé une vraie consultation ouverte à tous», a déclaré la présidente de la Commission scolaire de Montréal, Catherine Harel Bourdon. «On aurait aimé mieux que ce soit plus large, qu'il n'y ait pas de gens à l'extérieur [qui manifestent] et que ce ne soit pas un parti politique qui tienne un forum.»

À ce sujet, les présidents et manifestants ont exprimé un malaise quant à la contribution de 150$ qui devait être remise au Parti libéral pour participer à la fin de semaine de discussions.

«On aurait préféré qu'il n'y ait pas de coûts, parce qu'on aurait eu plus de participants, plus de parents», a jugé Mme Harel Bourdon. Le choix du lieu où tenir le forum a aussi fait grincer des dents. «La thématique, c'est l'éducation publique. On vient ici pour l'éducation publique, mais on est dans un collège privé (sic)», a souligné la présidente de la Commission scolaire de Laval, Louise Lortie. Comme elle, les présidents de commissions scolaires ont tout de même tenu à rappeler qu'ils tendent la main au gouvernement Couillard, qui n'a toujours pas envoyé son ministre de l'Éducation à leur rencontre. «Nous sommes prêts à examiner des solutions», ont-ils assuré.

Le ministre de l'Éducation, François Blais, était sur place, mais il n'a pas souhaité s'adresser aux médias.