Québec veut changer d'approche dans sa lutte contre le décrochage scolaire, un choix interprété par l'opposition comme une façon de laisser tomber les futurs décrocheurs et de couper les vivres aux organismes qui leur viennent en aide.

Le gouvernement Couillard a choisi de ne pas renouveler diverses ententes de partenariat financier - dont une de 50 millions $ avec la Fondation Chagnon - avec des organismes impliqués dans des projets de prévention du décrochage scolaire.

Le Parti Québécois et la Coalition avenir Québec ont tous deux dénoncé cette avenue, signe selon eux que le gouvernement renonce à prévenir le décrochage, sous prétexte de comprimer les dépenses à tout prix.

En point de presse, le ministre de l'Éducation, François Blais, a tenté de dorer la pilule, en disant que le gouvernement continuerait à viser une plus grande persévérance à l'école, mais d'une manière différente, sans nécessairement passer par les mêmes organismes et les mêmes méthodes que par le passé.

Il a convenu que l'année scolaire qui débute en était une de «transition» à ce chapitre, mais sans dire clairement quel serait le modèle désormais privilégié.

«Est-ce qu'on veut continuer la même chose? Est-ce qu'on veut aller vers d'autres approches qui seraient peut-être plus probantes? C'est ça l'examen que l'on fait», a-t-il commenté, en promettant plus de détails dans la future politique jeunesse du gouvernement.

Il faut essayer différentes choses «pour voir ce qui fonctionne le mieux», plaide le ministre, sans dire ce qui ne fonctionnait pas dans l'approche préconisée depuis des années par Québec.

Cherchant à se faire rassurant, le ministre Blais a ajouté que l'enveloppe globale de soutien à la réussite scolaire, une somme d'environ 200 millions $, serait maintenue «pour l'essentiel».

«On maintient, pour l'essentiel, les sommes que nous mettions dans les différents projets», a précisé M. Blais, sans vouloir dire ce qu'il entendait par l'expression «pour l'essentiel».

Il a dit qu'il voulait davantage mettre l'accent à l'avenir sur les jeunes intéressés par le parcours de formation professionnelle.

En matinée, à tour de rôle, le porte-parole péquiste en éducation, Alexandre Cloutier, et le porte-parole caquiste, Jean-François Roberge, avaient tiré la sonnette d'alarme.

M. Cloutier a dit que le ministre Blais était devenu le ministre responsable du décrochage scolaire, en exhortant le gouvernement à voter un fonds d'urgence destiné à financer les organismes qui luttent pour la réussite scolaire des jeunes.

Ce n'est pas le temps de baisser les bras, a-t-il dit, car malgré les progrès des dernières années, le taux de diplomation du Québec demeure inférieur à celui de l'Ontario.

Aux yeux du député caquiste Jean-François Roberge, renoncer à prévenir le décrochage, c'est la pire décision comptable qui soit.

Le gouvernement et la Fondation Chagnon investissaient chacun 25 millions $ sur cinq ans dans le programme Réunir, Réussir. Présent partout au Québec, à travers différentes initiatives, il prend fin dans quelques jours et ne sera pas renouvelé.

Québec avait aussi conclu des partenariats avec des organismes qui vivotent ou sont en voie de mettre la clé sous la porte: les Forums Jeunesse et les Conférences régionales des élus (CRÉ). Difficile de dire ce qu'il adviendra des projets de réussite scolaire qu'ils menaient.

Penser qu'on puisse faire des économies en coupant dans des mesures d'aide à la réussite, c'est totalement absurde et dogmatique, a commenté M. Roberge.

On coupe «dans les services aux élèves les plus vulnérables. L'aide à la réussite, il n'y a rien de plus important», selon M. Roberge.