Contrairement à ce qu'a toujours prétendu le gouvernement, les compressions budgétaires qu'impose Québec aux commissions scolaires touchent les services éducatifs, constate un rapport réalisé pour le ministère de l'Éducation.

Il y a un an, le ministère alors dirigé par Yves Bolduc avait déclenché une enquête sur le bien-fondé de la décision de la Commission scolaire des Patriotes de sabrer les services d'aide aux devoirs à la suite de compressions annoncées par le ministre. Québec avait toujours soutenu que les services éducatifs n'étaient pas touchés par ses réductions de transferts.

Or, le rapport d'enquête d'une trentaine de pages conclut le contraire. Il vient cautionner la décision de la commission scolaire de la Montérégie, qui, devant les compressions exigées, était forcée de rogner dans l'aide aux devoirs. Le constat tombe à point nommé: pour la rentrée parlementaire, hier, le chef péquiste Pierre Karl Péladeau et son critique à l'éducation ont visé la même cible, soit les compressions budgétaires du ministère de François Blais.

Les auteurs du rapport observent que la Commission scolaire des Patriotes «avait le souci de préserver le plus possible les services aux élèves. Toutefois, au moment où le Ministère lui a demandé un plan de redressement, ces services devaient nécessairement être affectés». Selon eux, les autorités ont fait un choix déchirant et ont opté pour les coupes qui «allaient être le moins pénalisantes [...] au plan pédagogique et pour les services aux élèves». Cette coupe avait été décidée avant que l'Assemblée nationale, dans une motion, ne demande aux commissions scolaires de ne pas sabrer les services aux élèves.

«La décision de mettre fin à l'aide aux devoirs a été réfléchie et prise en considérant les besoins des élèves», observe le rapport. Le service d'aide aux devoirs était relativement peu utilisé par les élèves; ainsi, pas question de généraliser aux autres commissions scolaires le choix fait par cet organisme. Relancé par La Presse, le ministre Blais observe que les mesures d'aide particulières aux élèves varient beaucoup d'une commission scolaire à l'autre. Dans ce cas-ci, les dirigeants ont compensé la disparition de l'aide aux devoirs par davantage de «récupération scolaire», donnée par l'enseignant.

La commission scolaire avait adopté un budget déficitaire de 5,5 millions en 2013 et devait produire 3,6 millions d'économies l'année suivante. Le ministère de l'Éducation s'attend à un budget équilibré pour cette année. Au passage, le rapport salue la rigueur de l'administration de la commission scolaire, qui parvient à maintenir ses coûts administratifs par élève parmi les plus bas du réseau - 356$ contre 408$, en moyenne.

L'éducation, un investissement

Coïncidence, le chef péquiste Pierre Karl Péladeau avait choisi les coupes en éducation comme thème de sa première question, à la reprise des travaux pour l'automne à l'Assemblée nationale. Selon lui, au moment où il faudrait stimuler la croissance économique, «le premier ministre a choisi de couper dans ce qu'il y a de plus important dans une collectivité, l'éducation». Or, «les nations qui se sont enrichies sont celles qui ont investi en éducation», a-t-il martelé dans un Salon bleu où les applaudissements sont désormais proscrits à la période des questions.

En appui, le critique à l'éducation, Alexandre Cloutier, a dressé une liste des conséquences des compressions: à Montréal, 70 professionnels ont été remerciés, dont huit psychoéducateurs et sept psychologues. À Matane, des orthophonistes sont licenciés; à Québec, ce sont des conseillers pédagogiques et des psychoéducateurs. «Comment pouvez-vous couper d'un côté les élèves qui en ont le plus besoin et du même souffle prétendre que l'éducation est une priorité?», a lancé M. Cloutier.

Selon le ministre François Blais, en revanche, le gouvernement n'a jamais négligé ses responsabilités en éducation. Les résultats sont tangibles: le décrochage scolaire a diminué de 1,9% cette année, la croissance du taux de réussite scolaire se maintient. «Il y a encore plus d'enfants que jamais qui réussissent au Québec»,

a-t-il assuré.

Au cours des 20 dernières années, sous les gouvernements péquistes, les investissements en éducation ont augmenté de 1,18% en moyenne; pour les libéraux, cette croissance est de 3,1% par année, «presque le triple», soutient M. Blais. De 1996 à 1998, le gouvernement Bouchard avait diminué ses transferts en éducation «de façon importante, du jamais vu dans l'histoire contemporaine du Québec», a-t-il ajouté pour expliquer l'écart.