Pour une rare fois dans son histoire, la Commission scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSMB) lance ouvertement une offensive contre le privé, son plus grand compétiteur.

La commission scolaire n'a pas les moyens de payer des panneaux publicitaires le long des autoroutes, mais elle espère que sa campagne #oubliezleprivé deviendra virale sur les réseaux sociaux. Elle entend ainsi déboulonner des « préjugés vestiges » au sujet des polyvalentes.

« On entend constamment parler de fausses rumeurs, déplore Diane Lamarche-Venne, présidente de la CSMB. Par exemple, on entend dire que c'est plein de drogués au public. Bien voyons, c'est tolérance zéro dans nos écoles. C'est certain qu'on en attrape, mais il y en a aussi dans les écoles privées. À la différence qu'on a l'obligation de les garder. Et pire que ça, il faut les accepter quand ils se font expulser. »

Cette année, pas moins de 40 % des finissants du primaire dans le territoire desservi par cette commission scolaire poursuivent leurs études secondaires dans des collèges privés. C'est particulièrement vrai dans l'ouest de l'île, mais aussi dans Verdun, LaSalle, Lachine et Outremont.

À l'école Catherine-Soumillard de Lachine, par exemple, seulement 46,7 % des élèves (21 sur 45) sont inscrits dans le réseau public. C'est encore plus frappant à l'école Saint-Germain d'Outremont, où seulement 3 élèves sur 49 (6,15 %) n'ont pas tourné le dos à l'éducation publique. À l'inverse, certains établissements sauvent la donne, comme Jean-Grou, dans l'arrondissement de Saint-Laurent, où 97,6 % des élèves fréquentent l'école secondaire publique.

Cibler les indécis

Selon les données de la CSMB, de 5 à 10 % des parents sont indécis au moment de choisir entre le public et le privé à la fin du primaire. C'est à eux que des élèves du territoire lanceront des messages comme « À mon école, 97 % des élèves obtiennent leur diplôme (52 % font aussi leur lit) ». Ou encore : « Dans mon programme, on reçoit tous un portable. (Et aucun parent ne reçoit de facture.) »

Grâce à l'offensive, Mme Lamarche-Venne espère que les parents se donneront la peine de visiter des écoles de son territoire avant d'arrêter leur choix. 

« On se compare à des écoles de la région de Québec où il y a en majorité des francophones de souche. Nous, on accueille des immigrants qui ne parlent pas français en cours d'année et des jeunes de milieux défavorisés. C'est extraordinaire ce qu'on fait. [...] C'est nous, les parents, le problème, c'est nous qui perpétuons des stéréotypes négatifs qui n'ont plus rien à voir. »

Compressions à la CSMB: pas d'impacts sur les élèves

Même si le gouvernement a exigé à la CSMB des coupes additionnelles de 6,5 millions dans son budget pour la prochaine année scolaire, la présidente ne croit pas que les élèves en ressentiront les impacts. L'aide aux devoirs a pourtant été réduite dans les 71 écoles primaires, mais les directions des établissements n'étaient pas convaincues de leur bien-fondé, estime Mme Lamarche-Venne.

« C'était devenu un fourre-tout, a-t-elle expliqué à La Presse. On va continuer à l'offrir, mais de façon plus ciblée, aux jeunes en difficultés. »