Les jeunes de 12 à 14 ans n'ont pas la maturité nécessaire pour être parachutés dans une grosse polyvalente, ils sont trop nombreux à y décrocher et il faut impérativement repenser l'école secondaire, conclut la Commission scolaire de Montréal (CSDM), qui envisage l'implantation de modèles plus appropriés dès la rentrée 2016-2017. Parmi les avenues les plus envisagées: la création d'écoles intermédiaires, qui regrouperaient des élèves du dernier cycle du primaire avec des jeunes du premier cycle du secondaire.

C'est ce qu'a confirmé cette semaine en entrevue à La Presse la présidente de la CSDM, Catherine Harel Bourdon.

L'idée de l'école intermédiaire revient donc à l'avant-plan, dans la bouche de Mme Harel Bourdon comme dans un document déposé mercredi au conseil des commissaires, qui évoque la nécessité de réfléchir à l'implantation prochaine «d'un projet pilote d'école intermédiaire».

La CSDM planche à fond sur la question depuis un an et son intuition de départ - celle de l'inadéquation entre les besoins des élèves et l'environnement des grosses polyvalentes - trouve sa confirmation dans une recherche de Roch Chouinard, professeur à la faculté des sciences de l'éducation de l'Université de Montréal, spécialisé dans l'organisation et la gestion de la classe du primaire et du secondaire.

«Les recherches menées par Roch Chouinard sur cette question nous ont permis de réaliser que, contrairement à l'opinion généralement admise, ce ne sont pas tant les transitions qui posent problème (par exemple, le passage du primaire au secondaire) que les conditions dans lesquelles elles se produisent et les caractéristiques du nouveau milieu d'accueil de l'élève», peut-on lire dans le document soumis mercredi au conseil des commissaires.

Il faut faire quelque chose parce que la période qui se situe entre 12 et 14 ans, est-il encore écrit, constitue souvent «un point de bascule [d'un] processus qui mènera, quelques années plus tard, au décrochage scolaire».

Et de fait, rappelle Mme Harel Bourdon, trop d'élèves accumulent encore des retards scolaires et abandonnent encore l'école sans avoir obtenu un diplôme.

En entrevue, M. Chouinard explique qu'après l'école primaire, «on remarque souvent une baisse de motivation chez les jeunes».

Le saut entre l'école primaire et la grosse école secondaire traditionnelle, «souvent très impersonnelle», est trop brutal. «Entre 12 et 14 ans, les jeunes ont besoin de modèles à l'extérieur de la famille. Or, dans une très grosse école, il est difficile pour les adultes d'établir des liens étroits et suivis avec les jeunes.»

La CSDM ne part pas de zéro dans sa réflexion. En 2013, constatant que ses écoles primaires débordaient alors qu'il manquait d'élèves dans les écoles secondaires, la Commission scolaire de Montréal, déjà fortement déficitaire, avait déjà dans ses cartons un scénario de restructuration et de création d'écoles intermédiaires qui aurait touché pas moins de la moitié de ses écoles.

Au ministère de l'Éducation, Julie White, attachée de presse du ministre François Blais, explique que «les commissions scolaires sont responsables de l'organisation scolaire sur leur territoire» et que le gouvernement Couillard n'a pas d'objection à la création d'écoles intermédiaires, «qui d'ailleurs, existent déjà dans certains endroits au Québec».

D'autres pistes de réflexion

En plus de songer à l'implantation d'écoles intermédiaires, la CSDM étudie aussi d'autres pistes, comme celle de réserver une section à part aux jeunes de 12 à 14 ans dans les écoles secondaires normales.

Mme Harel Bourdon évoque aussi la possibilité de lancer en parallèle des programmes comme celui mis en place à l'école Père-Marquette, «où les enseignants, à la rentrée, se déplacent chez les parents, dans leur maison, pour une discussion de fond sur les besoins du jeune».