Interpellé à l'Assemblée nationale ce matin par le chef péquiste Pierre Karl Péladeau sur les pressions que subissent les enseignants pour gonfler artificiellement les notes de leurs élèves, le premier ministre, Philippe Couillard a fini par répondre que cette question est «la responsabilité de la commission scolaire, c'est à eux de prendre leur décision».

Dans La Presse de ce matin, le syndicat des enseignants de Laval dénonçait le fait que leurs membres doivent baisser leurs exigences pour que les difficultés de leurs élèves soient occultées, n'apparaissent pas dans les statistiques officielles et que la réussite artificielle des élèves serve de prétexte à la fermeture de 12 classes spéciales à la rentrée prochaine.

Des enseignants ont écrit à La Presse ce matin pour dire que cette pression à faire obtenir la note de passage  aux élèves à tout prix était très répandue, et pas seulement à Laval.

En entrevue, Nicole Léger,  porte-parole de l'opposition péquiste en matière d'éducation, dit que sous le couvert de l'anonymat, de nombreux enseignants lui parlent de cette pression à donner la note de passage aux élèves.

«Le phénomène semble généralisé. Dans son objectif de lutter contre le décrochage scolaire, le gouvernement cherche à tout prix à afficher de beaux taux de réussite. Le ministère de l'Éducation fait donc pression en ce sens sur les commissions scolaires, qui, elles, font pression sur les écoles et les enseignants».

«Quand un enfant est en 2e année et qu'on le fait passer en 3e année, puis en 4e (sans qu'il ait compris la matière) sans lui donner de soutien, ça cause des dégâts irréparables.»

Jean-François Roberge, porte-parole de la Coalition Avenir Québec en matière d'éducation, se désole que le gouvernement libéral se lave les mains de ces questions «et cautionne le nivellement par le bas».

Avant de dire que la question des notes et des bulletins relevait des commissions scolaires, le premier ministre Philippe Couillard a d'abord répondu au chef Pierre Karl Péladeau qu'il trouvait particulier de l'entendre poser une question là-dessus alors que les péquistes, quand ils étaient au pouvoir, ont eux-mêmes procédé «à des coupes massives dans le réseau de l'éducation, dans le réseau de la santé les fermetures d'hôpitaux et de lits de soins prolongés. (...) Je ne sais toujours par quelle est la position du chef de l'opposition officielle sur l'équilibre budgétaire. (...)Est-ce qu'il pense qu'il devait être atteint cette année en 2015-2016 comme son parti s'y était engagé? Est-ce qu'il pense que, pour atteindre cet objectif, il faut prendre des décisions parfois difficiles? Est-ce qu'il pense comme moi également que ces décisions doivent toujours faire l'objet d'un suivi approprié? J'espère que c'est le cas.»