La haute direction et le conseil d'administration de l'Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) ont failli à leur tâche de gestionnaires, constate la vérificatrice générale, Guylaine Leclerc.

Dans un rapport rendu public mercredi, la vérificatrice souligne que la rectrice Nadia Ghazzali «n'a pas suivi toutes les saines pratiques de gestion» lors de la réorganisation administrative entreprise. Elle constate aussi des «manquements» dans le traitement d'un dossier éthique la concernant.

Depuis son entrée en fonction le 1er février 2012, Mme Ghazzali accumule les déboires. Elle a déjà été blâmée par une firme dans un audit externe pour ses «lacunes de gestion». Ces lacunes, ajoutées à des contraventions alléguées aux règles éthiques, ont «alimenté les tensions existantes» au sein de l'équipe de direction, relève le rapport de la VG.

Mme Ghazzali se serait placée en situation de conflit d'intérêts dans ses démarches pour transférer à l'UQTR une chaire de recherche dont elle était la titulaire. Près de 200 000 $ de fonds publics ont été engloutis en honoraires juridiques dans ce dossier alors que l'UQTR aurait dû s'en référer aux autorités gouvernementales, selon Mme Leclerc.

La vérificatrice générale passe aussi à la moulinette la gestion des projets immobiliers de l'UQTR, notamment celui du campus de Drummondville et celle du centre de développement de l'excellence sportive. De graves lacunes ont été relevées par Mme Leclerc, telles que l'absence d'un plan d'affaires complet et le suivi insuffisant auprès du conseil d'administration.

«C'est certain que c'est préoccupant, a soutenu la vérificatrice, en point de presse. Nous faisons part des déficiences, mais pour ce qui est des sanctions et des conséquences, on ne peut pas répondre à ça.»

En Chambre, le député caquiste Jean-François Roberge a énuméré la liste des manquements reprochés à la haute direction de l'UQTR.

«On mentionne: mauvaise gestion de la rectrice, problème d'attribution de contrats au campus de Drummondville, situation qui se détériore dangereusement au point de vue financier et même d'un président de C.A. qui n'a pas la légitimité pour occuper le poste», a évoqué le député de Chambly.

«Le ministre nous confirme-t-il qu'il démettra sans délai la rectrice et le président du C.A. et qu'ils n'auront aucun boni à la contre-performance, aucune indemnité de départ?», a-t-il poursuivi.

Le ministre de l'Enseignement supérieur, François Blais, a reconnu que le rapport de la VG dressait «une situation inquiétante» à la tête de l'UQTR, mais il a refusé d'abattre ses cartes séance tenante.

«Nous allons agir très prochainement dans ce dossier. Nous devons faire encore un certain nombre de vérifications, mais je peux consoler mon collègue et tous mes collègues de la région de Trois-Rivières qui se sont montrés préoccupés par la situation à plusieurs reprises cette année, que nous allons agir très, très rapidement dans ce dossier», a-t-il dit.

Dans un communiqué, l'UQTR dit recevoir «avec ouverture» le rapport de la vérificatrice. Elle précise que sa «réglementation a déjà été modifiée en conséquence et (que) les travaux se poursuivent pour en assurer la mise en oeuvre».

L'Université du Québec «entend toujours améliorer sa réglementation et ses pratiques dans une perspective d'économie, d'efficience et d'efficacité», mentionne le communiqué.