Les services de garde en milieu scolaire écopent des compressions. Le gouvernement Couillard réduit leur financement de 9%, 20%, voire 43%, selon leur taille. Les activités spéciales organisées durant les journées pédagogiques risquent de coûter plus cher aux parents. Car Québec coupe de moitié son financement pour ces 20 jours prévus au calendrier scolaire.

La Commission scolaire de Montréal (CSDM) a confirmé ces coupes à La Presse hier. Elles sont inscrites dans les règles budgétaires 2015-2016 qui ont été préparées par le ministère de l'Éducation et remises aux commissions scolaires mardi. Les compressions totalisent entre 15 et 20 millions, estime pour le moment la CSDM, dont les finances sont déjà dans le rouge. Les coupes atteignent environ 200 millions à l'échelle du Québec, selon la Fédération des commissions scolaires, qui n'a pas voulu commenter les règles budgétaires pour l'instant.

L'ampleur de la réduction du financement des services de garde en milieu scolaire a causé la surprise à la CSDM. Celle-ci s'attendait à ce que le gouvernement baisse ses subventions d'une somme équivalant à la hausse du tarif exigé aux parents, ce qui aurait eu un effet nul sur les finances des services de garde. Le gouvernement a décidé l'automne dernier d'augmenter le tarif de 7,30$ à 8$ par jour.

Or, Québec a décidé de réduire son financement encore davantage pour les services de garde fréquentés par 100 élèves et plus, ce qui est le cas dans la plupart des écoles de la CSDM. Les services de garde de plus petite taille écopent moins. Résultat: le budget global des services de garde des écoles de la CSDM, en combinant la part de l'État et celle des parents, fond de 3 millions. C'est un peu plus de 5%.

«On a beau dire qu'on vise la gestion des commissions scolaires, l'administration, mais là, on n'est pas là-dedans. On est vraiment dans du service aux élèves», lance la présidente de la CSDM, Catherine Harel Bourdon. Pour faire baisser les coûts, la commission scolaire tentera d'atteindre le plus possible le ratio maximal d'enfants par éducatrice.

Le représentant syndical du personnel des services de garde, Charles Allen, craint que les heures de travail dédiées à la planification et à l'organisation des activités soient réduites. «On n'installe pas les jeunes avec un crayon et une feuille de papier en disant: "occupez-vous!" lance-t-il. On a bien peur que la qualité des services soit touchée.»

De son côté, la commissaire qui représente le comité de parents, Mélanie Robinson, déplore que les parents de la CSDM paient 3 millions de plus à compter de l'automne prochain et que le gouvernement réduise ses subventions au-delà de cette somme.

Journées pédagogiques

Pour les journées pédagogiques, les services de garde recevront la moitié moins d'argent de l'État. Les activités spéciales offertes lors de ces journées coûtent cher aux parents, en particulier les sorties à l'extérieur comme à la cabane à sucre. La facture risque de grimper encore. «Inévitablement, soit on réduit les activités spéciales, soit on fait payer un montant supplémentaire aux parents. Ça va être difficile d'offrir des activités de qualité», affirme Catherine Harel Bourdon.

Des parents pourraient faire le choix de laisser leur enfant sur place pour 8$ par jour au lieu de l'envoyer à la sortie. Mais «à la CSDM, on essaie de faire en sorte qu'il n'y ait pas deux catégories de services de garde» selon le portefeuille des parents, souligne Mme Harel Bourdon. Un casse-tête est à prévoir, selon elle.

Les parents défraient déjà plus de 60% des coûts des services de garde en milieu scolaire, le reste étant payé par l'État. Avec les nouvelles règles budgétaires et le tarif qui passe à 8$, leur part atteindra 66%, 71%, voire 78%, selon la taille du service de garde, calcule la CSDM.

Selon elle, les règles budgétaires empêchent les commissions scolaires de faire des coupes dans l'achat de livres pour les bibliothèques et l'aide aux devoirs. Le gouvernement ne veut pas revivre la controverse de l'année dernière. Or, en vertu des règles budgétaires, «il faudrait faire des compressions dans ce qu'on appelle les mesures d'appui et de soutien» à la réussite scolaire, ce qui affectera les services aux élèves, soutient Catherine Harel Bourdon.

La CSDM adoptera la semaine prochaine son plan pour retrouver l'équilibre budgétaire en 2016-2017, soit un mois après le dépôt d'un rapport de vérification indépendant très critique de sa gestion. 

Avec les nouvelles compressions prévues aux règles budgétaires, elle doit maintenant faire des coupes de 50 à 55 millions pour remettre à flot ses finances. «C'est une bonne commande, indique Mme Harel Bourdon. Qu'on doive améliorer nos pratiques et faire de l'optimisation, j'en suis. Mais il y a aussi des compressions, et on ne peut pas penser que ça ne touchera pas les services aux élèves.»

Le ministre de l'Éducation, François Blais, refuse de commenter les règles budgétaires pour le moment.

Subventions aux services de garde

1) 200 élèves inscrits et plus



• 2015-2016 : 2,22 $ par jour, par enfant

• 2014-2015 : 3,90 $

• Baisse de 43 %



2) 100 à 199 élèves inscrits



• 2015-2016 : 3,33 $

• 2014-2015 : 4,17 $

• Baisse de 20 %  



3) 99 élèves inscrits et moins



• 2015-2016 : 4,13 $

• 2014-2015 : 4,53 $

• Baisse de 9 %



JOURNÉES PÉDAGOGIQUES



• 2015-2016 : 7,93 $ par jour, par enfant

• 2014-2015 : 16,39 $

• Coupe de 51,6 %



Source : Calcul de la CSDM réalisé à partir des règles budgétaires des années 2014-2015 et 2015-2016