Forcée d'équilibrer son budget, de sabrer 9 millions de déficit, la Commission scolaire de Montréal (CSDM) doit rogner dans un programme d'alimentation pour les élèves défavorisés. Une mesure qui étendait l'aide alimentaire aux écoles des quartiers un peu moins démunis de La Petite-Patrie et de Sainte-Marie sera abolie dès septembre prochain.

La présidente de la CSDM, Catherine Harel Bourdon, soutient que la coupe sera «une atteinte aux services des élèves». La mesure vise des économies de 800 000$ sur un an, mais la Commission scolaire s'assurera que des collations sont tout de même distribuées.

En tout, 14 écoles primaires et 4 établissements secondaires seront touchés sur l'ensemble du territoire de la CSDM.

Informée de cette décision, Françoise David, députée de Québec solidaire, s'insurge dans une entrevue à La Presse. «On sait très bien que la CSDM est sous la loupe du ministère de l'Éducation. Pourquoi? Parce que le Ministère ne lui pardonne pas d'avoir refusé de se plier à ses commandes de coupes l'an dernier. Et le gouvernement continue de dire qu'il ne touche pas aux services aux élèves!

«Je m'insurge devant ce discours hypocrite qui affirme ne pas toucher aux services tout en forçant les commissions scolaires à poser de tels gestes. Une fois de plus, on touche les plus vulnérables, et dans ce cas-là, des enfants. C'est inqualifiable!», a soutenu la députée de Gouin.

Dans une série de lettres transmises aux écoles la semaine dernière, la CSDM rappelle que le programme d'aide alimentaire «bonifiée» ne devait à l'origine durer qu'une seule année. En 1992, le ministère de l'Éducation offrait des repas à 1$ pour les enfants des écoles dans les quartiers les plus démunis, les 20% les moins fortunés, évalués selon la valeur foncière du quartier. Pour y avoir droit, les parents devaient présenter leur déclaration de revenus. Or, avec l'embourgeoisement du Plateau Mont-Royal, la valeur foncière a bondi au cours des dernières années, mais pas les revenus de nombreuses familles.

Des dizaines d'élèves touchés

En 2004-2005, la mise à jour de la carte de la pauvreté faisait en sorte que plusieurs de ces quartiers ne faisaient plus partie des 20% les plus pauvres. La mesure avait toutefois été maintenue, pour les 20 à 30%, au coût de 2 millions par année, financée par d'autres fonds au budget de la CSDM. «Ce n'est pas parce qu'il y a embourgeoisement d'un quartier qu'il n'y a plus de familles pauvres», martèle Mme David.

Pour la porte-parole de QS, cette décision risque d'avoir un impact immédiat pour une cinquantaine d'élèves de l'école Jean-Baptiste-Meilleur. Plus de 100 enfants de La Petite-Patrie seront touchés dans la circonscription de Gouin. Dans certains cas, les parents étaient même incapables de payer les frais de 1$ par jour; la fin de la subvention sera pour eux une catastrophe, dit la députée.