L'UQAM tentait toujours vendredi d'établir si l'injonction interdisant le blocage des salles de cours a été violée jeudi soir lorsqu'un groupe de personnes masquées a fait irruption dans une salle afin d'empêcher la tenue d'un cours.

«S'il y a bien eu une levée de cours, cela contreviendrait à l'injonction, a expliqué Jenny Desrochers, porte-parole de l'Université du Québec à Montréal. Nous allons prendre le temps prendre le temps d'examiner la situation et les suites à y donner.» En raison du jour férié, la porte-parole n'était pas encore parvenue à obtenir une version officielle des événements, vendredi midi.

En milieu d'après-midi, la direction n'avait toujours pas tenté de joindre le chargé de cours qui a été impliqué dans l'affaire.

«Fermez vos ordinateurs et sortez immédiatement !»

Pour la deuxième semaine de suite, le cours de droit de la preuve du chargé de cours Daniel St-Pierre a été perturbé. La première semaine, une vingtaine d'étudiants s'étaient présentés à visage découvert au début du cours pour empêcher sa tenue.

Jeudi, vers 19 heures, six personnes qui portaient cette fois des masques ont fait irruption dans la salle, une heure après le début du cours. M. St-Pierre a compté cinq jeunes femmes et un homme dans le groupe. Cette nouvelle perturbation survient au lendemain d'une injonction temporaire qui interdit à quiconque de bloquer l'accès à l'UQAM et d'empêcher la tenue des cours.

«Au début, ils nous ont dit: "Fermez vos ordinateurs et sortez immédiatement, vous n'avez pas le droit d'être ici"», explique M. St-Pierre. Une des personnes a ensuite éteint la lumière et des échanges musclés ont eu lieu entre la vingtaine d'étudiants et le groupe masqué.

«Les échanges n'étaient pas très respectueux, mais je n'ai pas beaucoup de respect pour les gens masqués», reconnaît M. St-Pierre.

Un agent de sécurité a assisté à la scène sans intervenir. Puis après cinq minutes un deuxième agent est arrivé et a remis une copie de l'injonction à une des jeunes femmes masquées. Cette dernière a aussitôt déchiré le papier en criant «Fuck l'injonction», explique M. St-Piette.

Mme Desrochers précise que les gardiens de sécurités ont été engagés pour «intervenir» lors des

«débordements». «L'utilisation de la force ou l'intervention des policiers est un dernier recours et ce n'est jamais souhaitable», souligne-t-elle.

Après une quinzaine de minutes, une personne du groupe a reçu un message texte sur son téléphone et tous les six ont subitement quitté la salle. M. St-Pierre dit avoir appris que le Service de Police de la Ville de Montréal avait été appelé en renfort. Le SPVM n'était pas en mesure de confirmer si un appel a été fait, et aucun policier ne s'est présenté dans la salle de cours.

«Les étudiants étaient sous le choc, une étudiante était en larmes et elle était un peu en panique, alors après une pause j'ai préféré mettre fin au cours», ajoute le chargé de cours.

Les étudiants et M. St-Pierre sont ensuite partis, en prenant soin de rester en groupe. «On était un peu craintif, on sait jamais ce qui peut arriver et on était seul dans le pavillon», dit-il.

«J'espère que tous les associations étudiantes et les syndicats vont condamner ces gestes, c'est inacceptable», ajoute-t-il

M. St-Pierre espère bien offrir son cours de droit de la preuve jeudi prochain.