Les commissions scolaires gonflent les compressions qui leur sont imposées cette année, accuse le ministre de l'Éducation, François Blais. Loin de s'élever à 350 millions, les coupes se chiffrent à moins de 200 millions, selon lui.

Le deuxième budget Leitao, déposé jeudi dernier, limite la croissance des dépenses en éducation à 0,2 %, ce qui est inférieur à l'augmentation des coûts de système. La Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ) a soutenu que « le réseau scolaire se voit imposer la pire compression de son histoire : 350 millions ».

« Je ne comprends pas ce chiffre-là. On essaie de le comprendre », a réagi François Blais lors d'une mêlée de presse, hier.

Il a expliqué que la FCSQ, « contrairement à tous les autres partenaires dans le milieu de l'éducation », a comptabilisé une hausse de salaire pour le personnel scolaire. Or, le gouvernement table sur un gel salarial cette année, comme le prévoit son offre aux syndicats pour le renouvellement des conventions collectives.

Comme le budget de l'éducation est constitué à 75 % de salaires, le fait d'inclure une hausse de la rémunération a pour effet d'augmenter les dépenses incompressibles des commissions scolaires et, ultimement, la valeur des compressions.

« Dans les crédits et les budgets du gouvernement, il n'y a pas d'augmentation de salaire [pour 2015-2016]. », affirme François Blais.

Donc, en retirant la hausse de salaire comptabilisée par la FCSQ, « vous tombez à 200 millions » de coupes.

D'autres facteurs « font descendre encore les compressions », mais le ministre ne pouvait les nommer. Selon lui, les coupes sont semblables à celles de l'an dernier, donc inférieures à 200 millions.

La FCSQ reconnaît qu'elle a calculé une hausse salariale de 1 % pour 2015-2016, même si Québec prévoit un gel et l'a inscrit dans son budget. « On comprend la réaction du ministre », mais « on n'a pas d'indication pour le moment qui nous permette de faire nos budgets » en fonction d'un gel. « Les négociations viennent de commencer avec les syndicats », a commenté une porte-parole, Caroline Lemieux. Notons que les commissions scolaires font partie des comités patronaux du gouvernement dans le cadre des négociations.

Pour François Blais, il est tout à fait normal que le gouvernement ne prévoie aucune hausse des salaires cette année même si la rémunération fait l'objet de négociations avec les syndicats. « Ce qui n'est pas en négociation, c'est clair, c'est l'atteinte de l'équilibre budgétaire », a-t-il dit. Et un gel des salaires est incontournable pour atteindre cet objectif, si l'on en croit le budget Leitao.

L'an dernier, les compressions pour les 72 commissions scolaires se sont élevées à 150 millions, selon la FCSQ. Des coupes de 68 millions se sont ajoutées pour 32 commissions scolaires en raison de l'abolition progressive d'un programme de péréquation. Cette année, 29 commissions scolaires vont perdre 72 millions de dollars avec l'élimination complète de cette mesure. Elles sont susceptibles d'augmenter leurs taxes pour compenser la perte de revenus. La FCSQ n'a pas inclus cette somme pour fixer les coupes à 350 millions.