Les libéraux faisaient miroiter de grosses économies en promettant d'abolir les directions régionales du ministère de l'Éducation, mais ils se sont trompés dans leurs calculs et ont raté la cible.

Dans leur cadre financier, ils estimaient à 15 millions $ par année les économies récurrentes que le gouvernement pourrait ainsi réaliser. Comme ils s'y étaient engagés, ils ont aboli les directions régionales l'an dernier, mais ils ont largement surévalué le gain à tirer de cette opération: le résultat est deux fois moindre.

Selon les renseignements obtenus par La Presse Canadienne, l'économie réalisée est de 8 millions $. Ces économies «représentent les coûts de rémunération et d'administration qui étaient nécessaires au fonctionnement des directions régionales», peut-on lire dans un courriel transmis par la porte-parole du ministère, Esther Chouinard.

«Au terme de l'exercice, c'est un peu plus de 8 millions $ d'économies qui seront réalisées avec la fermeture des directions régionales», a-t-elle résumé dans son courriel.

Et comme il s'agit de personnel régulier, il n'y a pas de mises à pied. Il n'y a eu que sept démissions et six départs à la retraite, selon les deux tableaux fournis récemment par le service des communications du ministère. Le ministère de l'Éducation indique que 35 employés ont été mutés dans d'autres ministères, tandis que 29 ont été réaffectés ailleurs à l'Éducation.

Par ailleurs, en date du 16 février, il restait encore 33 personnes toujours à l'emploi des directions régionales, partout sur le territoire, qui attendaient d'être relocalisées. Seulement dans la région Bas-Saint-Laurent/Gaspésie/Îles-de-la-Madeleine, huit personnes étaient toujours à l'emploi de la direction régionale.

Il y en avait encore quatre dans chacune des directions de l'Outaouais, du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de l'Estrie, trois en Abitibi-Témiscamingue, en Montérégie et dans Laval-Laurentides-Lanaudière. Ailleurs, à Québec, en Mauricie et sur la Côte-Nord, il n'en restait plus qu'une ou deux.

La porte-parole du ministère n'a pas donné suite à nos demandes d'entrevue pour préciser les tableaux fournis, mais l'attachée de presse du nouveau ministre de l'Éducation, François Blais, a commenté.

Sur la surestimation des économies, Julie White a indiqué que les chiffres avaient été évalués «avant d'arriver au gouvernement, mais une fois rendus au gouvernement», les libéraux ont obtenu les données du ministère, «qui a évalué les économies à 8 millions $». En revanche, le gouvernement ne demandera pas au ministère de trouver 8 millions $ supplémentaires en compressions pour atteindre la cible.

«Donc, vu que c'est 8 millions $ qui étaient déjà prévus par le ministère, on n'a pas d'économies supplémentaires à aller chercher», a dit Mme White en entrevue mardi en début de soirée.

En campagne électorale, les libéraux s'étaient engagés, dans leur programme, à abolir les directions régionales, dans une volonté de «recentrage» de la mission du ministère de l'Éducation, confiné à «définir les objectifs pédagogiques et évaluer la qualité des programmes».

«Nous allons abolir les directions régionales qui n'ont plus leur raison d'être, avait déclaré le chef libéral Philippe Couillard en campagne électorale, en mars 2014, quand il avait dévoilé le volet éducation de son programme électoral. Nous allons générer des économies substantielles que nous allons rediriger là où ça compte vraiment, dans les services aux élèves et la réussite scolaire.»

Les directions régionales étaient chargées à l'origine de la mise en place du réseau d'éducation publique, dans les années 1960. Or, le réseau est bien en place maintenant, il n'y a donc plus de justification à maintenir cet appareil bureaucratique, avait-il alors plaidé.

Comme on pouvait le lire dans le cadre financier du PLQ, «puisque les commissions scolaires sont bien implantées et jouent pleinement leur rôle de gestion des services offerts aux écoles de leur territoire (...), les directions régionales n'ont plus à chapeauter et à jouer un rôle d'accompagnateur auprès des commissions scolaires».

Le recentrage du ministère visait à réduire de 100 personnes par an pendant cinq ans les effectifs du ministère. Au total, les libéraux s'engageaient à réduire de 187,5 millions $ les dépenses en bureaucratie scolaire sur cinq ans.