Aux prises avec des compressions budgétaires totalisant 109 millions en quatre ans, les cégeps se voient maintenant forcés de sabrer les services aux élèves, contrairement à ce qu'avait assuré le ministre de l'Éducation, Yves Bolduc. La réussite de certains élèves en est compromise, déplore notamment la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ).

Sur les 48 cégeps de la province, 29 ont mis la hache dans les services aux élèves, selon la Fédération des cégeps. « On a tout tenté. Malheureusement, il est impossible de ne pas toucher aux services aux étudiants », a déclaré Jean Beauchesne, président-directeur général de la Fédération des cégeps. Au cours de la dernière année seulement, les compressions budgétaires au collégial ont atteint 40 millions. « Jusqu'à maintenant, l'atteinte aux services directs est limitée. Si les compressions se poursuivent, on craint néanmoins que ça ne devienne la norme. »

Parmi les mesures déjà prises par les cégeps, on note la mise à pied de conseillers pédagogiques, de techniciens en loisirs, de techniciens en travail social, de conseillers en développement durable et de techniciens de laboratoire. On a aussi réduit les heures de services adaptés, de services de soutien psychologique et d'ouverture de la bibliothèque. On a privatisé la gestion de gymnases et d'amphithéâtres. On a retiré l'aide financière à des équipes sportives et mis de côté des projets de voyage humanitaire.

« On n'est plus à couper dans l'accessoire, on est à couper dans les services directs aux étudiants », affirme Nicole Lefebvre, vice-présidente de la Fédération nationale des enseignantes et enseignants du Québec (FNEEQ). 

En novembre dernier, le ministre de l'Éducation, Yves Bolduc, assurait qu'il n'y aurait « pas d'atteinte dans les services directs aux élèves ». « Il n'y a pas un seul élève qui sera pénalisé », disait-il. La FECQ dénonce « ce manque de transparence ».

« Une telle attaque frontale, c'est du jamais vu. Le ministre avait un discours rassurant, mensonger. Il s'attaque directement à la perspective d'avenir des étudiants. », affirme Alexis Tremblay, président de la FECQ.

Au Ministère, on insiste : la protection des services est la responsabilité des cégeps. « On le dit et le répète : les cégeps doivent préserver les services aux élèves, insiste Yasmine Abdelfadel, attachée de presse du ministre Bolduc. On leur demande d'assumer leur responsabilité, de faire un exercice administratif et de ne pas toucher aux services aux élèves. »

Mais pour plusieurs établissements, il s'agit là d'une mission impossible. « Avec les compressions subies, c'est inévitable de toucher aux services. On essaie de couper là où l'impact est moindre », dit Marie-Claude Dupoy, du Cégep de Sherbrooke. Même son de cloche au Cégep de Baie-Comeau, où « souvent un service correspond à un employé ». 

En pleine période de demandes d'admission, des cégeps craignent que la réduction de services aux élèves nuise au recrutement, surtout en région. « Que prévoit le ministre pour l'avenir des cégeps ? demande Alexis Tremblay. Avec un tel désengagement de l'État, c'est leur mission qui est en danger. »

FIN DU CONTRAT AVEC L'ÉCOLE EL FORKANE

Le Collège de Rosemont a annoncé, hier après-midi, qu'il mettait fin au contrat de location avec l'école El Forkane, qui y louait des salles depuis trois ans pour enseigner l'arabe et le Coran. Cette décision survient après la diffusion d'un reportage à TVA qui révèle que le site web de l'école menait à des écrits intégristes. « Ces contenus vont à l'encontre de notre mission d'éducation, de nos valeurs et de nos règlements », a affirmé en point de presse Stéphane Godbout, directeur général de l'établissement.