Le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, ne s'oppose nullement à ce que les universités tentent de réduire la rémunération de leur personnel et d'abolir des postes ou des cours pour contribuer au redressement des finances publiques.

En marge d'un discours prononcé devant une association d'entrepreneurs en construction, hier, M. Coiteux a soutenu que « tous les réseaux ont à faire des efforts » pour permettre le retour au déficit zéro l'an prochain, comme prévu. Et à ses yeux, les universités tentent de le faire « de façon responsable ».

Plusieurs médias ont rapporté par exemple que l'UQAM envisage de baisser le salaire de ses syndiqués de 2 %. D'autres universités veulent abolir des postes, dont des postes de professeurs, réduire le nombre de cours ou encore couper dans les conditions de travail.

« Les universités sont autonomes. Je ne veux pas m'immiscer dans les négociations. Je pense qu'elles essaient de façon responsable d'atteindre leur propre équilibre budgétaire, ce qui est nécessaire dans l'ensemble des réseaux au Québec », a déclaré M. Coiteux, interrogé sur toutes les mesures envisagées par des universités.

Elles « font leurs efforts et essaient de trouver les meilleurs moyens », selon lui. « Elles vont demander la collaboration de leurs employés, dont les professeurs, et on va laisser les choses aller en toute autonomie de leur côté. Elles ont des négociations à faire », a-t-il ajouté. Quand on lui a signalé que les sacrifices envisagés touchent directement le personnel et les services, mais non l'administration, M. Coiteux a réitéré que les universités sont autonomes.

Les universités estiment que les mesures envisagées découlent des compressions de plus de 200 millions imposées par le gouvernement Couillard cette année - du jamais vu, selon elles.

Pas d'austérité au Québec

Devant les membres de l'Association des constructeurs de routes et grands travaux du Québec (ACRGTQ), Martin Coiteux a plaidé que l'ampleur des investissements en infrastructures est la preuve qu'il n'y a pas d'austérité au Québec. Le gouvernement Couillard consacre cette année « un montant record » de 11,5 milliards aux infrastructures, 90 milliards au cours des dix prochaines années. Il avait toutefois promis en campagne électorale d'investir davantage.

« Vous comprendrez peut-être un peu mieux pourquoi, quand on me parle d'austérité, j'ai un petit mouvement de recul », a-t-il dit.

« J'ai un peu de mal à concilier 11,5 milliards d'investissements en infrastructures, alors qu'on en faisait quatre fois moins il n'y a pas si longtemps, avec une quelconque idée que le Québec vivrait une période d'austérité. »

Il a également vanté l'entente commerciale conclue avec la Caisse de dépôt pour la réalisation de projets d'infrastructures.

Malgré le plaidoyer de M. Coiteux, le président de l'ACRGTQ, Alexis Loisel, a interpellé le gouvernement et déclaré que l'industrie « souffre d'un grand manque de projets ».

M. Coiteux a également profité de la tribune pour dénoncer les revendications salariales des syndicats représentant les employés de l'État. Ces demandes, qui s'élèvent à 13,5 % en trois ans, coûteraient 10,8 milliards de dollars, somme que « les contribuables n'ont pas les moyens de payer », a-t-il dit. Il offre 3 % en cinq ans.

Le printemps s'annonce chaud, alors que la coalition Refusons l'austérité, qui rallie des groupes syndicaux, communautaires et étudiants, prévoit diverses manifestations. Elle évoque des « actions de perturbation économique » le 1er mai, fête des Travailleurs. Elle cherche à créer un autre « printemps érable ». « C'est tout à fait normal que les gens expriment des idées et des opinions, et même manifestent dans le respect des lois et de l'ordre. Ça fait partie de notre société démocratique et ouverte, a commenté Martin Coiteux. En même temps, par contre, menacer l'économie québécoise de perturbations, ça voudrait dire s'attaquer au bien public pour des intérêts particuliers, et je jugerai ça tout à fait irresponsable et inacceptable. »