L'Union des municipalités du Québec se montre plutôt froide à l'idée de voir la gestion immobilière des écoles confiée aux villes, estimant que celles-ci ont déjà assez à faire avec leurs infrastructures. La Fédération des commissions scolaires se dit pour sa part farouchement opposée à l'idée.

Projet Montréal s'est prononcé en faveur hier de l'idée de l'administration Coderre qui souhaite récupérer dans les négociations sur son statut de métropole la gestion des immeubles des commissions scolaires. L'opposition officielle estimant qu'un tel transfert pourrait générer des économies en optimisant l'utilisation de ces bâtiments, notamment les gymnases et les bibliothèques.

«Les enfants qui sont a l'école de jour, ce sont les mêmes enfants qu'on veut occuper le soir avec nos sports et loisirs», a souligné l'élu Sylvain Ouellet. Projet Montréal n'a toutefois pas chiffré les économies potentielles.

En fait, un tel transfert de responsabilité serait surtout l'occasion de revoir le financement dédié à l'entretien des bâtiments scolaires, dit le chef de l'opposition, Luc Ferrandez. Quatre écoles de la métropole sont présentement fermées en raison de leur état problématique.

Le chef de l'opposition admet qu'avec ses rues trouées de nids-de-poule et ses nombreux immeubles vétustes, Montréal est loin d'être un exemple en matière de gestion des biens publics. «Vous avez raison de dire qu'il a plusieurs infrastructures montréalaises qui ne sont pas à notre honneur. Si on fait cette fusion, il faut qu'on détermine une enveloppe d'investissements suffisante pour s'occuper de ces écoles», a-t-il indiqué.

Cette sortie de Projet Montréal est survenue alors que le maire Denis Coderre rencontrait le ministre de l'Éducation, Yves Bolduc, pour parler de configuration des commissions scolaires sur l'île. Il n'a pas été possible de savoir si les discussions ont débouché sur des changements au projet de révision de la carte. Sur les réseaux sociaux, le maire s'est simplement dit heureux de l'appui de l'opposition à son projet de récupérer la gestion des immeubles scolaires.

La proposition a toutefois été froidement accueillie par la principale association représentant les villes, l'Union des municipalités du Québec (UMQ). «Le monde municipal n'est pas particulièrement enthousiaste par rapport à de telles demandes. Les Villes sont déjà responsables de 58% des infrastructures publiques, alors leur cour est déjà pleine», a indiqué un porte-parole, Patrick Lemieux.

La Fédération des commissions scolaires du Québec a vivement réagi, estimant que l'idée était une mauvaise solution. Disant ne pas croire aux économies d'échelle qu'un tel transfert pourrait générer, l'organisation avance que les frais de gestion des Commissions sont de 5%, contre 14% pour les municipalités.

La présidente de la Commission scolaire de Montréal (CSDM), Catherine Harel-Bourdon, s'est tout de même dite prête à étudier la question. «On est conscients qu'il y a peu d'argent, alors je ne verrais pas pourquoi on ne travaillerait pas ensemble», a-t-elle indiqué.

La CSDM gère environ 280 bâtiments dans la métropole pour lesquelles elle recevait jusqu'à récemment moins de 7 millions par an pour leur entretien. Ce budget a été gonflé à 50 millions, ce qui reste toutefois loin des investissements requis. Catherine Harel-Bourdon évalue que la CSDM aurait besoin de 1 milliard sur 10 ans pour rattraper le retard pris dans leur entretien.