Réduire le nombre d'élèves par classe au cours des dernières années «n'a pas augmenté la réussite scolaire». Par conséquent, ajoute le ministre Yves Bolduc, augmenter les ratios n'aura pas d'impact sur la performance des élèves.

De son côté, le président du Conseil du trésor, Martin Coiteux, nie que le gouvernement rompt sa promesse de protéger les services à la population en raison des compressions budgétaires.

Avec l'augmentation de la taille des classes, «on ne touche pas aux services», a-t-il soutenu, hier, en marge de la réunion hebdomadaire du Conseil des ministres. 

«On vise à mieux organiser les choses à l'intérieur des réseaux justement pour rendre les services à la population dans un contexte budgétaire qui est difficile.»

Lors de brèves mêlées de presse, les ministres Bolduc et Coiteux ont défendu leurs demandes, décrites comme une «horreur» par les syndicats d'enseignants, à la sortie d'une rencontre de négociation mardi.

Au primaire et au secondaire

Québec veut augmenter le ratio maîtres-élèves de la troisième à la sixième année du primaire, mais aussi au secondaire. Il propose d'éliminer la notion de «ratio moyen» d'élèves par classe. Le maximum prévu dans les règles serait maintenant la seule norme. Et ce maximum serait revu à la hausse. Il veut également ajouter des clauses que pourront utiliser les commissions scolaires pour former des groupes qui dépassent le maximum permis.

À l'heure actuelle, le nombre maximum d'élèves par classe est de 26 de la 3e à la 6e année - 20 dans les milieux défavorisés. Il varie de 28 à 32 au secondaire.

Yves Bolduc a plaidé que les règles actuelles sont «très rigides». «On a besoin de plus de flexibilité, ne pas avoir du mur-à-mur», a-t-il dit.

La taille des classes pourrait augmenter «autour de 10 à 15% dans des cas particuliers». Il n'a pas précisé quels cas. «On doit être capable d'avoir assez de souplesse pour, dans certains cas, avoir un bon ratio et, dans d'autres cas, un [ratio] un peu plus élevé», a-t-il affirmé. Selon lui, «lorsqu'on met un maximum, ça ne veut pas dire qu'on va aller au maximum. Ça veut seulement dire qu'on va s'adapter selon les besoins de l'élève».

Réussite scolaire

La mesure ne nuira pas au succès des élèves, estime-t-il. «En diminuant les ratios, il n'y a pas eu d'effet au niveau de la réussite scolaire. Mais si vous l'augmentez alors que vous l'aviez diminué, vous n'aurez pas d'effet non plus», a-t-il plaidé. Selon lui, «des études démontrent que le fait d'avoir diminué les ratios n'a pas augmenté la réussite scolaire».

Il renvoie à cet égard au rapport Champoux-Lesage sur le financement et la gestion des commissions scolaires, rendu public en juin. Dans ce document de 180 pages, on signale brièvement que «la réduction généralisée» du nombre d'élèves par groupe est «une mesure dont l'efficience dépend de conditions particulières». Le rapport cite une étude de l'Université Laval datant de 2008 selon laquelle «les effets sont plus significatifs lorsque le nombre d'élèves est inférieur à vingt par classe et pour les élèves du début du primaire».

Le rapport Champoux-Lesage souligne que la réduction de la taille des classes par le gouvernement Charest en 2010 a coûté 179 millions, notamment en raison de l'embauche d'enseignants. «Or, il aurait été plus judicieux de cibler cet ajout de ressources dans les trois premières années du primaire plutôt que de les saupoudrer à tous les niveaux. Ainsi, les ressources auraient pu être utilisées plus efficacement (ex.: aides aux enseignants dont la classe comprend des jeunes en difficulté)», conclut le rapport. Il recommande «que dans le contexte d'austérité actuel, le gouvernement n'hésite pas à reconsidérer des mesures mises en place dont les résultats ne sont pas probants, pour réallouer les ressources plus efficacement».

«Ce qu'on a déposé, ce sont des propositions, il va y avoir des négociations, a noté Yves Bolduc. Ce qu'on veut surtout, c'est avoir le meilleur service pour une meilleure réussite scolaire.»