La Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ) invite le ministre de l'Éducation, Yves Bolduc, à prendre tout le temps nécessaire avant d'imposer de nouveaux «bouleversements» dans le réseau, craignant que les élèves d'abord soient pénalisés.

À la suite d'un conseil général de deux jours, à Québec, les présidents des diverses commissions scolaires ont adopté à l'unanimité une résolution demandant au ministre de ne pas imposer au réseau scolaire d'importants changements «dans la précipitation et sans consultation».

La présidente de la FCSQ, Josée Bouchard, estime que les élèves pourraient subir les conséquences du brassage de structures alors que les commissions scolaires ont peu de temps pour réagir.

«Nos gens, a souligné Mme Bouchard, sont allés vers les maires, les conseils municipaux, les parents, les membres du personnel et je peux vous dire qu'il y a une grande insécurité par rapport aux projets du ministre Bolduc. On craint notamment pour le maintien des services aux élèves» a-t-elle relaté, en entrevue à la Presse canadienne.

Et ce n'est pas tout. On est inquiet aussi face aux intentions exprimées par Yves Bolduc au-delà du projet de carte de fusions des commissions scolaires, ayant déjà provoqué, selon Josée Bouchard, un «inconfort»  parmi les commissaires scolaires fraîchement élus le 2 novembre dernier, ayant dû faire face à des projets de fusion à leur première assemblée.

Le ministre Bolduc compte déposer, à la reprise des travaux parlementaires en février, un projet de loi qui engloberait également les questions de gouvernance, de décentralisation et de taxation.

«Ça ressemble a une grosse réforme, a avancé Mme Bouchard. Je ne pense pas qu'il y a matière à précipiter les choses, d'autant plus que le ministre change ses objectifs. Hier (vendredi), il a dit que ce n'est pas tant les économies qu'il souhaite réaliser que la réussite scolaire des élèves. Sur quoi il se base pour dire ça» a-t-elle martelé.

Sur la question des économies d'échelle, elle est revenue sur les hypothèses du ministre qui parle de gains variant entre 500 000$ et un million $ annuellement par commission scolaire.

«Il se peut que l'on puisse réaliser des économies en certains endroits. Mais les chiffres avancés par le ministre ne reposent sur aucune analyse. Rien à ce chapitre n'a été déposé sur la table. C'est inacceptable», a-t-elle noté.

La Fédération va transmettre au ministre de l'Éducation ses préoccupations lors de la prochaine rencontre de la Table Québec-commissions scolaires, le jeudi 18 décembre prochain.

D'autres voix s'élèvent afin que le gouvernement libéral n'agisse pas dans la précipitation ou y pense deux fois avant d'agir.

La Centrale des syndicats du Québec (CSQ) estime que ce n'est pas en jouant dans les structures que l'on va régler les problèmes.

«Il faut d'abord se donner les moyens pour relever des défis comme venir en aide aux jeunes les plus vulnérables et ceux en difficulté d'apprentissage. Si on veut faire de l'éducation une priorité nationale, ce n'est pas un brassage de structures, qui va durer deux ans, qui va régler les problèmes» a soutenu la présidente de la CSQ, Louise Chabot

Le Conseil supérieur de l'éducation a aussi dévoilé un avis il y a quelques jours, recommandant au gouvernement Couillard d'éviter les grands «chambardements».

Le ministre Yves Bolduc a présenté vendredi un autre scénario de redécoupage de cartes de fusions des commissions scolaires, notamment pour Montréal, afin d'équilibrer les trois entités s'y trouvant.

Selon le dernier scénario avancé, la Commission scolaire de Montréal garderait les secteurs de l'ouest, dont Westmount et Côte-des-Neiges, mais perdrait Cartierville et une portion du quartier Ahuntsic. Elle devrait aussi refiler des écoles de secteurs de l'est de Montréal à la Commission scolaire de la Pointe-de-l'Île.