Le ministère des Affaires autochtones recommande lui-même dans un rapport d'augmenter les investissements dans l'éducation des Premières nations pour s'assurer que ces enfants bénéficient des mêmes services que les élèves non autochtones.

Dans les années 1990, le gouvernement a fixé un plafond de 2 pour cent aux augmentations annuelles du budget pour l'éducation des Premières nations. Or, selon le document fourni par le ministère, cette limite devrait être plus que doublée. Pour que les systèmes éducatifs des Premières nations et des provinces restent comparables et pour ne pas avoir à puiser dans les autres programmes du ministère, des nouveaux investissements sont nécessaires, selon le rapport.

Cependant, un tel investissement est impossible, tant que l'Assemblée des Premières nations n'approuvera pas la loi controversée du gouvernement conservateur sur la réforme de l'éducation autochtone, a indiqué le ministre Bernard Valcourt.

La loi conservatrice sur l'éducation des Premières nations proposait d'augmenter à 4,5 pour cent le plafond des augmentations annuelles du budget pour l'éducation. La réforme a toutefois été rejetée en bloc par les chefs autochtones de partout au Canada, le printemps dernier. L'opposition des autochtones a provoqué l'ire des troupes conservatrices, qui pensaient avoir leur appui.

Le premier ministre Stephen Harper avait annoncé, en présence de l'ancien chef de l'Assemblée des Premières nations, Shawn Atleo, et d'autres dirigeants, un investissement impressionnant de 1,9 milliard $ en éducation en février dernier. Cet appui s'était toutefois évaporé rapidement.

En mai dernier, les chefs des Premières nations du Canada avaient refusé la réforme, demandant la conclusion d'un nouvel accord dans lequel le gouvernement octroierait de nouveaux paiements de transferts. M. Valcourt a soutenu que la loi restait sur la table et qu'aucun investissement supplémentaire ne serait annoncé sans l'adoption de la réforme. La porte-parole du ministre, Erica Meeks, a répété que le gouvernement était déçu que les Premières nations «n'aient pas respecté leur entente avec le gouvernement».

«Le gouvernement libéral avait équilibré son budget sur le dos des autres, dont, entre autres, les Premières nations et avait imposé un plafond de 2 pour cent sur le financement de l'éducation (...) C'est notre gouvernement qui a proposé d'enlever ce plafond dans l'énoncé budgétaire de 2014, mais cela nécessitait des réformes structurelles», a-t-elle poursuivi.

Le document de 22 pages rédigé par le ministère des Affaires autochtones a été utilisé en preuve par la militante Cindy Blackstock devant le Tribunal canadien des droits de la personne. Mme Blackstock se bat depuis longtemps pour que le gouvernement fédéral verse aux enfants autochtones les mêmes montants reçus par les enfants non autochtones, de la part du gouvernement provincial.

Le même rapport a révélé que le ministère avait réaffecté un demi-million de dollars dédié à l'infrastructure vers l'éducation et les programmes sociaux.