Pour pallier la baisse du nombre d'étudiants à venir en région, les cégeps ont plusieurs options: offrir une aide financière incitative, attirer des étudiants étrangers ou miser sur l'enseignement à distance. Ces recommandations, proposées dans le rapport Demers, devront toutefois être appliquées à coût nul.

C'est ce qu'a annoncé hier le ministre de l'Enseignement supérieur, Yves Bolduc, en rendant publique la version finale du rapport de Guy Demers sur l'offre de formation collégiale. Commandé lors du Sommet sur l'enseignement supérieur, en 2013, le rapport contient 23 recommandations visant à actualiser l'offre de formation collégiale et son encadrement.

Le noeud de la guerre: répondre à la baisse de 13% (20 000 étudiants) dans les cégeps d'ici 2020, qui met en péril la survie de programmes en région. Selon les prévisions, le nombre d'étudiants augmentera dans les années subséquentes, mais certains cégeps (sur la Côte-Nord et en Gaspésie, entre autres) resteront avec un nombre d'étudiants réduit.

Lors d'un point de presse au cégep de Trois-Rivières, le ministre Bolduc, accompagné par l'auteur du rapport, s'est dit déterminé à mettre en oeuvre rapidement les mesures qui peuvent l'être, tout en invitant les administrations à être performantes administrativement et donc à faire mieux avec moins.

«Le statu quo n'est pas envisageable, a déclaré Yves Bolduc. J'annonce donc la mise en oeuvre des recommandations du rapport Demers, qui sera faite en concertation avec tous les intervenants et pilotée par une équipe composée de professionnels du ministère auxquels se joindra Nicole Rouillier, ancienne directrice générale du cégep Marie-Victorin.»

L'équipe aura le mandat de «déterminer les principales actions à poser, leur ordre de priorité et la façon la plus appropriée de les réaliser en partenariat avec tous les acteurs du réseau collégial».

Réactions

La Fédération des cégeps a salué le contenu du rapport Demers et s'est dite «agréablement surprise» par la volonté du ministre Bolduc de mettre en oeuvre ses recommandations, même si le rapport a été commandé par le gouvernement précédent.

«J'ai rencontré le ministre cet après-midi et il ne ferme pas la porte à certains investissements, a dit son président-directeur général, Jean Beauchesne. Par exemple, il est prêt à mettre de l'argent frais si, à terme, on peut aller chercher deux fois plus d'étudiants internationaux.»

Jean Beauchesne souligne que plusieurs recommandations ne nécessitent aucun investissement. C'est notamment le cas pour les mesures qui visent une meilleure adéquation entre la formation et le marché du travail, un autre objectif poursuivi par le rapport Demers. On recommande notamment de permettre aux collèges de décerner des DEC par cumul de programmes courts et de leur offrir plus de souplesse dans le contenu des programmes techniques.

La Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ) s'est aussi réjouie du rapport Demers, mais s'est dite inquiète par le fait que l'éducation soit «soumise à cette vague de compressions».

La FECQ croit qu'il faut donner la priorité à la mise en place d'un programme de mobilité étudiante, qui inclut des bourses incitatives pour étudier en région. Un tel programme nécessite inévitablement de l'argent, souligne le président de la FECQ, Alexis Tremblay.

«Si on veut faire une réelle réforme dans le réseau collégial pour régler les problèmes de baisse d'effectifs étudiants en région, c'est certain que ça va prendre un investissement de la part du gouvernement», a-t-il dit.

- Avec Le Nouvelliste

Les six cégeps les plus touchés

Baisse d'effectifs étudiants prévue

• Cégep de Baie-Comeau: - 33% entre 2012 et 2020

• Collège Shawinigan: - 27% entre 2012 et 2022

• Cégep de Matane: - 26% entre 2012 et 2021

• Cégep de la Gaspésie et des Îles: - 26% entre 2010 et 2022

• Cégep de Sorel-Tracy: - 23% entre 2012 et 2020

• Cégep de Saint-Félicien: - 23% entre 2012 et 2022

Source: rapport Demers