Touchées récemment par des compressions budgétaires supplémentaires, les universités montréalaises se réjouissent d'un nouveau rapport qui propose des moyens d'attirer et de retenir dans la métropole plus d'étudiants étrangers.

Et parce qu'ils paient plus en frais de scolarité que les étudiants d'ici, leur présence peut aider à renflouer les coffres de l'État et donner un argument de plus aux institutions d'enseignement qui ont besoin de l'argent de Québec pour se maintenir à niveau.

Le rapport, dévoilé jeudi, est le fruit du travail de la Conférence régionale des élus de Montréal (CRÉ) avec la collaboration de l'organisme Montréal International. Il vise à offrir aux décideurs un portrait à jour de la situation.

Il fait état d'une urgence d'agir, car Montréal perd du terrain: les étudiants d'ailleurs la délaissent au profit de villes d'Asie, par exemple.

Tous ceux qui ont participé au point de presse de jeudi, incluant le maire de Montréal, Denis Coderre, et les recteurs des universités montréalaises, disent espérer une volonté forte de Québec et d'Ottawa de mettre en oeuvre les 26 recommandations du rapport, dont des modalités d'admission plus claires, la simplification du processus d'entrée au pays et la promotion à l'étranger des institutions d'enseignement d'ici.

«Nous connaissons bien les difficultés du Québec, c'est pourquoi beaucoup de nos recommandations ne demandent pas d'argent, juste du bon sens», a dit Guy Breton, le recteur de l'Université de Montréal.

Mais plusieurs suggestions ne pourront se concrétiser qu'avec un apport en espèces sonnantes.

Car il est recommandé à Québec d'améliorer ses programmes de bourses pour les étudiants internationaux, de modifier ses règles d'exemption de droits de scolarité majorés et d'offrir des cours de français gratuits.

Selon le recteur de l'UQAM, Robert Proulx, l'initiative d'attirer les étudiants internationaux n'est pas nouvelle, mais elle devrait passer à la vitesse grand V. «Nous travaillons depuis longtemps, mais nous avons de moins en moins de moyens», a-t-il dit.

Québec a récemment annoncé des compressions au réseau universitaire de plus de 170 millions $.

Les recteurs nient que l'apport financier de ces étudiants qui paient plus en termes de frais de scolarité soit à l'origine de leur mobilisation. Ils parlent plutôt de bénéfices pour la richesse intellectuelle et créative de Montréal et pour leurs propres étudiants qui tirent avantage de ce mélange culturel.

Mais M. Proulx reconnaît que les frais de scolarité plus élevés payés par ces étudiants lui donnent un argument de plus, qu'il a d'ailleurs déjà utilisé dans ses négociations avec Québec pour obtenir du financement.

«On a demandé aux universités québécoises d'attirer plus d'étudiants. On veut le faire. On espère en avoir les moyens», a déclaré pour sa part la principale et vice-chancelière de l'Université McGill, Suzanne Fortier.

Montréal doit recruter les meilleurs talents et nos concurrents ne lésinent pas sur les moyens, a-t-elle aussi souligné.

Et l'initiative peut aussi contribuer à l'essor économique de Montréal: ces étudiants venus d'ailleurs ont dépensé un milliard $ au Québec en 2010 et peuvent combler des pénuries de main-d'oeuvre, a souligné Dominique Anglade, de Montréal International. Ils ont aussi ajouté 88 millions $ aux coffres de l'État québécois, est-il écrit dans le rapport.

Le maire Coderre a dit faire siennes toutes les recommandations du rapport.

Et puis, il s'agit de l'un des dossiers importants dans sa négociation en cours pour que Montréal se voie octroyer le statut de métropole, a-t-il souligné.

Selon l'étude, la mobilité étudiante est en plein essor: le nombre d'étudiants étrangers, qui était de 4,3 millions en 2011 dans les pays de l'OCDE, pourrait atteindre 6,4 millions en 2025, une manne dont Montréal veut évidemment profiter.