Un régime public d'éducation, mais d'énormes disparités entre ce que les parents doivent payer d'une école à l'autre. Pour un même programme régulier, les factures vont du simple au triple. Pour un même service de surveillance le midi, cela va de la gratuité à certains endroits à 325$, à Rouyn-Noranda.

La Presse évoquait la semaine dernière le cas d'une commission scolaire de la Rive-Sud de Montréal qui demandait 100$ par enfant aux parents de ses élèves, qu'ils mangent ou pas à l'école (la commission scolaire s'est ensuite ravisée, disant qu'elle ne ferait payer que les parents dont les enfants utilisent vraiment le service).

De nombreux lecteurs nous ont depuis lors envoyé leurs propres états de compte, qui vont dans toutes les directions.

Avant l'achat de fournitures scolaires et de l'uniforme obligatoire, le parent dont l'enfant fréquente le secteur régulier de l'école de Mortagne, à Boucherville, paiera environ 320$ par année. À l'école Saint-Luc, à Montréal, la facture pour un élève qui suit aussi le programme régulier est plutôt de 141$. La facture pour une adolescente qui fréquente l'école Père-Marquette, à Montréal, est de 109$.

À la Commission scolaire de Rouyn-Noranda, que l'enfant mange à l'école ou prenne l'autobus scolaire pour aller à la maison le midi, cela en coûtera 325$ aux parents. Comment se fait-il que l'on arrive exactement à la même somme pour des services pourtant très différents? Francis Beauvais, porte-parole de la Commission scolaire de Rouyn-Noranda, évoque «une forme de hasard».

«C'est le chiffre rond le plus près de la réalité dans les deux cas, explique M. Beauvais. La Commission scolaire de Rouyn-Noranda ne souhaitait pas aller plus loin dans les augmentations.»

Ailleurs, la surveillance au dîner est soit gratuite, soit de 100$ ou moins.

Disparités importantes

Médusés devant leur facture, des parents appellent parfois le Protecteur du citoyen, confirme sa porte-parole Joanne Trudel, qui souligne cependant que l'organisme n'est pas autorisé par sa loi à traiter les plaintes à l'égard des écoles et des commissions scolaires.

La disparité des frais imposés d'une école à l'autre n'a cependant pas échappé au Protecteur du citoyen, qui en a fait mention dans son rapport annuel à l'égard des cours d'été (suivis par les élèves ayant échoué dans certaines matières).

«Pour le ministère de l'Éducation, du Loisir et du Sport, les frais liés à l'inscription aux cours d'été ne sont pas visés par l'article 3 relatif à la gratuité scolaire», ce qu'a confirmé le ministère au Protecteur du Citoyen.

Or, peut-on lire dans le rapport annuel de 2013, le «Protecteur du citoyen a constaté des disparités importantes quant au nombre de cours d'été offerts, au contenu de ceux-ci et quant à leur tarification.»

La Fédération des commissions scolaires n'a pas souhaité commenter la question des frais très variables imposés aux parents, disant préférer que les commissions scolaires le fassent elles-mêmes.

Moins d'accessibilité

Les frais des programmes particuliers offerts par les écoles publiques - sport-études, international, etc. - sont par ailleurs de plus en plus prohibitifs.

Les frais pour une adolescente de l'école Cavelier-De LaSalle qui suit le programme international montent à 560$, ce qui comprend entre autres des frais pour l'achat de romans, des frais postaux et des frais pour la vie étudiante.

Des parents qui habitent à une dizaine de kilomètres de l'école secondaire Augustin-Norbert-Morin, qui offre des programmes s'adressant aux élèves de 32 municipalités des Laurentides, doivent payer 631$ pour le transport scolaire parce qu'ils sont jugés hors territoire. En incluant le programme sportif, la facture monte à plus de 1800$ et «les cahiers d'exercices ne sont pas inclus dans le montant», précise l'état de compte. «Je suis contente qu'il y ait différents programmes parce qu'ils aident à diminuer le décrochage scolaire, dit la mère d'une élève. Mais on n'est quand même pas à l'école privée!»

La Commission scolaire des Laurentides précise que le programme régulier, lui, ne coûte à peu près rien.

À propos de son école située dans la région de Montréal, qui offre elle aussi le sport-études, une enseignante souligne que de fait, «c'est comme une école privée dans une école publique. Les parents dont les enfants suivent ces programmes sont beaucoup plus riches que ceux du programme régulier. Les attentes de ces parents sont d'ailleurs aussi élevées que si leurs enfants fréquentaient l'école privée.»