Le milieu des arts craint de faire les frais des coupes dans le milieu de l'éducation alors que des commissions scolaires croient ne plus avoir de budget pour faire des sorties et planifier des activités culturelles.

L'Union des écrivaines et des écrivains du Québec explique que plusieurs auteurs qui font généralement des tournées dans les écoles «sont toujours dans l'attente de réponses. Il y a beaucoup de confusion, beaucoup d'incertitude», dit Louiselle Lévesque, chargée de communications.

De fait, à la Commission scolaire des Affluents, en banlieue nord de Montréal, un courriel envoyé ces derniers jours invitait chacune des directions d'école à la plus grande prudence. «Je ne sais pas quand, ni comment le programme sera reconduit, peut-on lire. Il ne serait donc pas très sage de prendre des engagements fermes avec des artistes en ne sachant pas si le budget suivra, à moins que vous décidiez de procéder à même le budget de l'école», peut-on lire.

Une mauvaise interprétation

Le programme dont il est question ici, c'est le programme «Culture à l'école» doté d'une enveloppe de 3,2 millions, qui était jusqu'ici administré par les directions régionales du Ministère, lesquelles ont été abolies il y a quelques jours.

Éric Ladouceur, coordonnateur aux communications à la Commission scolaire des Affluents, assure que ce courriel, envoyé à l'initiative d'un employé, relèverait d'une mauvaise interprétation des choses. «Pour nous, le programme continue, comme à l'habitude.»

Caroline Lemieux, attachée de presse à la Fédération des commissions scolaires du Québec, affirme, elle, que le programme «Culture à l'école» fait effectivement partie de l'enveloppe dans laquelle les commissions scolaires doivent pratiquer des compressions de 150 millions cette année. «Ça ne veut pas dire que toutes les commissions scolaires ont décidé de cibler cette mesure, mais elle fait partie de la liste des mesures dans laquelle elles doivent couper», note Mme Lemieux.

Ces dernières années, l'auteure Laila Héloua a fait de 15 à 30 jours d'animation auprès d'enfants d'âge préscolaire et d'élèves du primaire. Jusqu'ici, seulement deux enseignantes l'ont rappelée. Dans les deux cas, «elles m'ont dit qu'elles ne savaient plus où elles en étaient et qu'en conséquence, ma rémunération ne viendrait pas du programme «Culture à l'école», mais bien de la petite caisse des écoles elles-mêmes. Le risque, dans le contexte actuel, c'est qu'il n'y ait pas beaucoup d'activités culturelles dans les écoles cette année.»

Au Conseil québécois du théâtre, Étienne Lévesque, responsable de la recherche, n'a pas eu d'échos dans un sens ou dans l'autre de ses membres. Lorsqu'il a appelé quelques commissions scolaires pour voir si tout se passait normalement, «on m'a dit qu'on ne savait pas, qu'on était dans le néant».

Au ministère de l'Éducation, Yasmine Abdelfadel, attachée de presse du ministre Yves Bolduc, assure que le budget du programme «Culture à l'école» n'est pas touché et qu'il ne fait pas non plus partie des enveloppes qui ont été regroupées.

Même son de cloche au ministère de la Culture, qui participe au programme.