Alors que les acteurs de l'éducation tremblent devant l'austérité promise par le gouvernement libéral, le ministre de l'Éducation, Yves Bolduc, s'est montré rassurant, en entrevue à La Presse. Ni les programmes ni les services aux élèves ne sont compromis, les écoles nécessaires seront construites et les taxes n'augmenteront que de façon «raisonnable».

Non seulement le ministre Yves Bolduc estime que les quelque 400 millions de coupes en éducation se trouveront surtout en faisant le ménage dans la bureaucratie, mais il promet en outre que le Québec pourra sans aucun problème se payer de nouvelles écoles.

Nullement pris de vertige par les économies à trouver alors qu'afflueront 100 000 nouveaux élèves d'ici sept ans dans des écoles déjà souvent pleines ou à rénover, Yves Bolduc s'est montré résolument optimiste en entrevue à La Presse.

«Ce n'est pas compliqué. On va construire des écoles. [...] Construire un hôpital, ça prend 10 ans. Construire une école, ça prend entre 18 et 24 mois. Le plus dur, c'est d'avoir le terrain.»

Mais l'embauche d'enseignants, en période de réduction d'effectifs? Ce n'est pas le personnel qui manque, a-t-il souligné. «On forme davantage de professeurs que l'on peut en embaucher.»

L'accroissement de la population - un problème nettement préférable à la décroissance démographique du Japon, selon lui - ira de pair avec une croissance économique qui permettra au Québec de s'ajuster en conséquence, à son avis.

Cela étant dit, a-t-il précisé, les commissions scolaires de Montréal se heurtent à des enjeux particuliers (immigration, pauvreté, etc.) dont il est pleinement conscient et qui retiennent particulièrement son attention.

En même temps, la Commission scolaire de Montréal (CSDM) a elle aussi du travail à faire, a dit le ministre Bolduc, ne serait-ce qu'en se recentrant sur sa mission éducative et en laissant tomber la mission sociale qu'elle s'était donnée, par exemple en louant à perte des locaux à des organismes communautaires.

En entrevue, le ministre Bolduc a par ailleurs insisté à plusieurs reprises sur le fait que la lutte contre la bureaucratie pourrait permettre de dégager encore beaucoup d'économies.

Certes, on ne peut pas dire que «le cochon est très gras», a-t-il convenu, mais de nouvelles fusions de commissions scolaires, la fusion de services [de paie, notamment] et une meilleure gestion des fonds en circulation régleront à son avis une bonne partie des problèmes.

Ainsi, il a convenu avec les commissions scolaires qu'il valait mieux leur confier désormais de plus grosses sommes à dépenser en fonction de leurs besoins particuliers plutôt que d'y aller de programmes uniformes (aide aux devoirs, bibliothèques, etc.) chers à administrer et qui ne reflètent pas nécessairement les besoins les plus pressants de chaque milieu.

«Pour l'année en cours et les suivantes, on dit aux commissions scolaires: "Toutes les petites enveloppes que vous aviez, on va en faire un montant global et vous déciderez où vous voulez investir l'argent, où c'est le plus utile pour l'élève."»

Ce pouvoir accru donné aux commissions scolaires n'est pas étranger à l'abolition des directions régionales, qui s'occupaient notamment de la mise en application d'une constellation de programmes dans chaque commission scolaire.

Quant aux taxes scolaires, le ministre Bolduc dit s'attendre dans la plupart des cas à des augmentations «raisonnables» suivant la hausse du coût de la vie.

Enfin, à propos des 33 commissions scolaires incapables de boucler leur budget, le ministre Yves Bolduc se montre prêt à les autoriser à faire des déficits, «à condition d'obtenir un plan de redressement».