Il se produit quelque chose pendant les années au secondaire qui pousse les jeunes filles adeptes des échecs à abandonner le jeu, selon l'organisme qui le réglemente au Canada.

Selon la Fédération canadienne des échecs, bien que l'intérêt face au jeu de haut niveau diminue autant chez les filles que les garçons à l'adolescence, le pourcentage d'abandon est plus élevé du côté féminin. Ainsi, le nombre de femmes au sein de l'élite est des plus bas.

À l'occasion du Championnat Jeunesse d'Échecs du Canada, qui se tiendra à compter de mardi à Montréal, environ le tiers des quelque 320 joueurs seront des filles - un contraste frappant avec les compétitions réservées aux adultes, où les femmes forment environ 5% du nombre de participants, en moyenne.

Le président de la Fédération canadienne des échecs, Vladimir Drkulec, est bien conscient du phénomène, mais ne parvient pas à l'expliquer. Il a notamment confié avoir entraîné une jeune fille qui s'est classée deuxième au Canada chez les moins de 14 ans, avant qu'elle n'abandonne le jeu.

Yelizaveta Orlova, qui a représenté le Canada lors de tournois internationaux, avait environ le même âge lorsqu'elle a choisi d'arrêter de jouer pendant un an et demi.

Aujourd'hui âgée de 19 ans, Orlova, qui avait commencé à jouer dès l'âge de 4 ans, s'est mise à réaliser à 14 ans qu'il ne s'agissait peut-être pas du passe-temps le plus emballant.

«Un de mes amis a réagi en me disant quelque chose du genre 'Vraiment? Tu joues?', a-t-elle raconté. Ce n'est même pas le fait qu'il blaguait; c'est le ton qui a tout déclenché. J'étais jeune; c'est à ce moment que les filles commencent à penser de façon exagérée à beaucoup de choses.»

Orlova a ajouté que les garçons, de leur côté, semblent s'inquiéter beaucoup moins de leur statut social à cet âge, et plus d'hommes continuent de pratiquer le jeu.

Rebecca Giblon, qui à 17 ans occupe le sixième rang parmi les joueuses d'échecs au Canada, observe que lors de tournois de calibre inférieur, certains garçons affichent un comportement peu professionnel, ce qui crée un environnement peu accueillant.

«Les garçons entre 13 et 15 ans manquent de maturité même lorsqu'ils sont à leur mieux, lance-t-elle. Les joueurs font toutes sortes de blagues lors de tournois locaux.»

Selon Vladimir Drkulec, la Fédération a accru ses efforts pour attirer les femmes et les filles - en présentant des titres et des tournois réservés exclusivement aux femmes, par exemple - mais ça risque d'être difficile d'atteindre l'objectif d'une participation égale entre hommes et femmes.

«Nous encourageons nos membres à faire davantage à ce chapitre, mais c'est tout ce que nous pouvons faire. En soi, la Fédération n'est composée que de ses membres; nous avons un employé à temps plein.»