Pour la troisième année consécutive, pratiquement aucune nouvelle place de garderie en milieu familial ne sera accordée au Québec. Une situation qui fait rager les syndicats des travailleuses, qui ont déposé hier 5000 fanions devant les bureaux du ministère de la Famille dans la province pour dénoncer la situation.

Pour l'année 2014-2015, 85% des nouvelles places de garderie à 7$ iront dans des centres de la petite enfance (CPE) et 15% dans des garderies privées subventionnées. Seule une poignée de nouvelles places seront créées chez des responsables de services de garde (RSG) en milieu familial, confirme Nadia Caron, porte-parole du ministère de la Famille.

Une situation qualifiée d' «injuste» par Kathleen Courville, présidente de la Fédération des intervenantes en petite enfance du Québec (FIPEQ), qui représente 90% des 15 000 RSG du Québec.

«Pourquoi on boycotte les RSG? demande-t-elle. C'est des services de qualité qui répondent aux besoins des parents! On favorise les garderies privées au détriment des RSG. Il faut que ça cesse.»

82 places en 5 ans

À la suite du scandale survenu en 2008 dans l'attribution des places en garderie, 22 comités consultatifs régionaux ont été mis sur pied au Québec. Ces groupes, formés de représentants de CPE et de membres de la communauté, ont le mandat de déterminer le type de projet dont leur région a besoin.

«Ces comités ont le pouvoir de dire s'ils veulent plus de milieux familiaux ou non. Mais personne ne l'a fait à date», affirme Mme Caron.

Depuis 2009, on a créé 8906 places à 7$ en CPE et 7172 places en garderie privée. Pendant ce temps, seulement 82 nouvelles places se sont ajoutées dans les milieux familiaux.

Mme Courville mentionne que les RSG ne sont pas invitées aux comités consultatifs régionaux. «On le demande depuis longtemps, mais on n'a pas de voix à ce chapitre», déplore-t-elle.

Selon Mme Courville, bon nombre de RSG ont des listes d'attente et doivent refuser des enfants. «Mais le gouvernement nous dit tout le temps qu'il n'ajoute pas de places en RSG parce que la demande n'est pas là. C'est totalement faux», dit-elle.

La convention collective des 15 000 RSG du Québec est échue depuis le 30 novembre. Les négociations ont été suspendues avec le déclenchement des dernières élections et devraient reprendre sous peu.

Selon Mme Courville, l'un des enjeux de la négociation sera la reconnaissance de la profession et des heures réellement travaillées. «On offre 10 heures de présence-enfant par jour. Mais tout le reste n'est pas compté. On doit mettre sur pied notre programme éducatif. Faire l'épicerie, les repas, la désinfection des lieux... On est là en premier pour les enfants. Mais avoir de bonnes conditions de travail, c'est important», dit-elle.

La question de la rémunération des RSG sera également au coeur des négociations. Selon la précédente entente, une RSG reçoit 27,43$ par jour par enfant, en plus des 7$ des parents. «On aimerait avoir une entente avant les vacances d'été», dit Mme Courville.