Le gouvernement québécois de Philippe Couillard, qui avait évoqué en campagne une hausse du coût des études pour les immigrés français, a «senti l'inquiétude» de Paris et entend «respecter l'harmonie» des relations avec l'Hexagone.

«J'ai senti l'inquiétude (française) et on ne compte pas mettre en l'air nos relations (diplomatiques avec Paris)», a déclaré mardi à l'AFP Christine St-Pierre, nouvelle ministre des Relations internationales et de la Francophonie du Québec depuis la large victoire du Parti libéral, le mois dernier.

Les libéraux, tout comme les péquistes qui dirigeaient le gouvernement sortant, avaient créé la surprise chez les expatriés, élus et diplomates français en annonçant pendant la récente campagne électorale vouloir harmoniser le coût des études des étudiants francophones étrangers avec ceux des Canadiens originaires de l'extérieur du Québec. De facto, cela reviendrait à tripler les coût des études universitaires des Français qui paient le même prix que les Québécois (environ 2000 dollars par an), en vertu d'une entente datant de 1978.

Expliquant avoir été «bien briefée» sur ce dossier, la ministre québécoise a souligné qu'«il faut respecter l'harmonie de nos relations uniques avec la France».

Le premier ministre Couillard est lui-même directement impliqué dans cette question épineuse, a-t-elle confié en marge d'une conférence du Conseil des relations internationales de Montréal.

Tout en rappelant «la situation budgétaire» du Québec, qui cherche à résorber un déficit persistant des finances publiques, Mme St-Pierre a assuré que ce dossier serait réglé d'ici la visite dans la Belle Province du président français François Hollande, à l'automne.

La France et la province canadienne francophone sont liées depuis 1978 par une entente selon laquelle le Québec proposait de garantir aux étudiants français le «régime général de droits de scolarité qui s'applique aux étudiants et aux élèves québécois».

Ce principe prévaut toujours et permet aux Français d'étudier au Québec en payant jusqu'à sept fois moins que tous les autres étrangers (qui, eux, paient jusqu'à 15 000 dollars).

Côté français, une source diplomatique a fait remarquer que Paris ne peut pas légalement s'opposer à la remise en cause par le Québec de l'entente de 1978, «alors profitons-en pour repartir sur un nouvel accord».

Ainsi, poursuit cette source, la venue au Canada de M. Hollande à l'automne pourrait permettre de «lancer une réflexion sur les relations universitaires entre la France d'un côté, et le Québec et le Canada de l'autre».

Le nombre d'étudiants français inscrits au Québec a grimpé de près de 90% depuis 2006, à environ 12 000. Parmi eux, 15% sont immédiatement recrutés au Canada à la fin de leur scolarité québécoise. En tout, le nombre de Français établis au Québec est estimé à 150 000.

Une pétition demandant le maintien de la situation actuelle, lancée par l'attaché parlementaire du député des Français d'Amérique du Nord, Frédéric Lefebvre (UMP), a recueilli à ce jour 3002 signatures.

Le député, en déplacement à Houston, a salué les déclarations de Mme St-Pierre: «Je me félicite de cette nouvelle orientation du gouvernement du Québec», a-t-il réagi sur Twitter, appelant Paris à «rester mobilisé».