Un message publié la semaine dernière sur le réseau social Facebook par l'Association étudiante de HEC Montréal (AEHEC), qui se demandait à la blague si le féminin du terme « successeur » était « sucsuceuse », a provoqué l'ire d'un groupe d'étudiants, qui s'adresse au conseil d'administration de l'Université de Montréal afin d'obtenir des excuses formelles de l'Association.

Le groupe, qui a rédigé une lettre qui aurait été signée par plus de 200 personnes, dénonce également une culture du sexisme dans le monde des affaires « à nouveau reflétée et perpétuée par cette nouvelle génération qui étudie à cette grande école », dénonce vigoureusement l'instigatrice de la lettre, Jade Boivin.

« J'ai l'impression que [l'AEHEC] ne [réalise] pas à quel point [sa] blague est inacceptable. Quand tu représentes les étudiantes d'une aussi grande école, tu dois être responsable. L'université, et en particulier HEC Montréal, devrait offrir des cours ou des ateliers afin de sensibiliser ses étudiants au sexisme », a-t-elle ajouté en entrevue.

L'auteur de ce message jugé sexiste est Samuel Cormier, vice-président aux communications pour l'AEHEC. Dans un échange de courriels avec La Presse, il a expliqué qu'il croyait publier ce mot depuis son compte personnel.

« Cela, toutefois, n'excuse pas les propos que j'ai tenus. Je comprends que cela ait pu en heurter plus d'un, mais ce n'était pas mon intention. Comme [je l'ai dit aux signataires de la lettre], après la lecture de tous [leurs] commentaires [sur Facebook], je comprends maintenant l'ampleur de cette blague », a dit M. Cormier, qui a présenté ses excuses au groupe de signataires.

« Les médias sociaux peuvent être très utiles, mais à la fois très dangereux, et on se doit d'être prudent. Je tiens à terminer sur le fait que c'était mes propos et que l'AEHEC n'a rien à voir avec cette publication », a précisé M. Cormier.

Le président de l'AEHEC, Guillaume Brovelli, a pour sa part refusé la demande d'entrevue de La Presse. « [L'Association] n'a aucun commentaire à faire sur la récente publication de Facebook qui a pris toute une ampleur », a-t-il simplement commenté.

« Nous avons rencontré l'étudiant en question et nous nous sommes assurés que les correctifs ont été faits. Tout le monde est extrêmement désolé de la situation, mais puisque le jeune s'est excusé auprès du groupe, nous sommes pour l'instant satisfaits », a expliqué la directrice des communications de HEC Montréal, Kathleen Grant.

L'AEHEC représente les 3500 étudiants inscrits au baccalauréat en administration des affaires à HEC Montréal.

Ce n'est pas la première fois cette année que l'enjeu du sexisme sur les campus est soulevé sur la place publique. L'hiver dernier, la présidente de la Fédération étudiante de l'Université d'Ottawa, Anne-Marie Roy, avait dénoncé cinq étudiants qui avaient tenu sur Facebook une conversation dans laquelle elle faisait l'objet de propos sexuellement explicites. Les étudiants concernés se sont finalement excusés et ont démissionné de leurs fonctions sur les instances du mouvement étudiant où ils siégeaient.

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