Lorsque le gouvernement fédéral a dévoilé son plan de réforme de l'éducation pour les Premières Nations le 7 février, une manifestante avait interrompu la cérémonie alléguant un vice de consultation. Il ne s'agissait pas d'un point de vue isolé. L'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador pousse la chose plus loin et a déposé une demande de révision judiciaire du processus de consultation.

Si le gouvernement fédéral dit vouloir donner le contrôle aux Autochtones sur leur système scolaire, les membres des Premières Nations sourcillent sur le contenu du projet de loi qui inclut le modèle des commissions scolaires.

Selon le projet de loi fédéral, Ottawa a prévu 1,25 milliard de dollars sur trois ans, à compter de 2016 pour financer l'éducation de base.

Les populations des Premières Nations tiennent à ce projet qui, espèrent-elles, viendra permettre de relever les taux de diplomation chez les enfants de leurs communautés qui figurent parmi les plus faibles au pays. Mais selon elles, l'annonce du 7 février du premier ministre Stephen Harper ne reflète pas les discussions menées ces derniers mois, voire ces dernières années, l'accusant de présenter des promesses recyclées.

L'APNQL a déposé sa demande le 19 février. Le chef Ghislain Picard a mentionné qu'il avait d'abord tenté de joindre le ministre des Affaires autochtones, Bernard Valcourt. La missive qui lui avait été transmise le 20 décembre 2013 est demeurée lettre morte.

Devant cette absence d'une réponse, l'APNQL a saisi la Cour fédérale pour forcer le gouvernement à se conformer à son obligation constitutionnelle de consulter et d'accommoder les Premières Nations du Québec.

« Comment le ministre peut-il prétendre que ce projet de loi va donner aux Premières Nations le contrôle de leur éducation? Son projet de loi ne nous permet pas d'élaborer nos propres critères et modèles de gouvernance», a indiqué, Gilbert Whiteduck chef de la Nation Kitigan Zibi.

Les Premières Nations du Québec ont soumis trois conditions au ministre Bernard Valcourt. Elles souhaitent la reconnaissance de la compétence des Premières Nations en éducation; une garantie de financement adéquate et équitable ainsi qu'un appui pour l'enseignement des langues et des valeurs culturelles des Premières Nations.

«Il y a une politique qui remonte à 1972 où l'éducation est un point central dans les préoccupations des Premières nations pour acquérir de plus grandes compétences, mais avoir des compétences et savoir les exercer est une autre chose. Il faut disposer des moyens et malheureusement, à ce jour, les Premières Nations n'ont jamais bénéficié des capacités financières nécessaires», conclut Ghislain Picard.