Québec veut fusionner des commissions scolaires pour récupérer 125 millions de dollars. Il est muet sur le réinvestissement promis aux universités et puisera dans les poches des étudiants étrangers.

Dans son budget, le ministre des Finances, Nicolas Marceau, accorde au ministère de l'Éducation et à celui de l'Enseignement supérieur une hausse de leur enveloppe de 3%, ce qui représente 493 millions.

Or, la majeure partie de cette augmentation servira à payer les hausses de 2% du salaire des employés des écoles, des cégeps et des universités. La rémunération accapare les trois quarts de l'enveloppe de ces ministères, qui s'élève à un peu plus de 17 milliards.

Il ne restera donc qu'une fraction de la hausse de 493 millions pour financer toutes les promesses faites par Québec dans les derniers mois. Le gouvernement Marois aura fort à faire pour réinvestir 262 millions dans les universités, un engagement pris lors du Sommet sur l'enseignement supérieur, il y a un an. Alors que le budget de l'an dernier comportait une section complète sur le financement des universités, il n'y a pas une ligne sur le sujet et la promesse du gouvernement dans les documents déposés hier. Aux Finances, on ne pouvait garantir que l'engagement sera respecté. Et si c'était le cas, des choix difficiles devraient être faits, convient-on. Lesquels? Il faudra attendre après les élections pour le savoir. Le budget laisse également présager une autre année de vaches maigres pour les cégeps.

Le casse-tête sera important à l'Éducation alors que de nouveaux programmes annoncés dans la dernière année doivent être financés, comme l'implantation de la maternelle à 4 ans et l'ajout de centaines de professionnels comme des orthopédagogues.

Commissions scolaires

C'est pourquoi Nicolas Marceau est à la recherche d'économies et se tourne vers les 72 commissions scolaires du Québec. Il veut réduire leur nombre et dégager 125 millions d'ici quelques années. C'est un chiffre «conservateur», selon lui. Fusionner des commissions scolaires pourrait générer davantage d'économies, croit-il.

Selon le budget Marceau, «de façon générale, plus la taille d'une commission scolaire augmente, plus les coûts par élève sont faibles, laissant ainsi entrevoir que le regroupement de certaines d'entre elles permettrait de dégager des économies».

La Fédération des commissions scolaires du Québec déplore l'opération. «Il faut être prudent avec le débat de structures. Parce qu'en 1998, on avait promis une économie de 100 millions et, finalement, ça a plutôt coûté 70 millions», a indiqué sa présidente Josée Bouchard. Elle craint de nouvelles compressions, surtout que les crédits n'ont pas été déposés.

Chose certaine, le gouvernement compte limiter le pouvoir de taxation des commissions scolaires. «Il y a moyen d'ajouter des contraintes» à leur égard, estime Nicolas Marceau. Il s'est dit «insatisfait» qu'elles aient refilé aux contribuables la quasi-totalité des compressions de 200 millions annoncées dans son précédent budget. Québec leur a demandé de rembourser aux contribuables la moitié de la cagnotte qu'elles ont accumulée avec les hausses de taxes salées.