L'idéalisme d'un prof militant et la rigidité de l'application de la loi se sont affrontés sans pouvoir trouver de terrain d'entente, hier, au palais de justice de Saint-Jérôme. L'enseignant aux propos «outrageants», selon le juge, a été condamné à payer une amende de 1150$ pour méfait dans le cadre d'une manifestation du printemps étudiant.

C'était le 15 mai 2012. La tension atteignait alors son paroxysme devant le collège Lionel-Groulx, de Sainte-Thérèse, qui se voyait forcé d'ouvrir ses portes à une poignée d'élèves à la suite d'une injonction de la cour. Environ 200 manifestants tentaient d'empêcher la reprise des cours.

Un imposant peloton de policiers de l'escouade anti-émeute de la Sûreté du Québec s'est amené. Un petit groupe d'enseignants opposés à la hausse des droits de scolarité s'est immiscé entre les deux groupes.

Quand les policiers se sont avancés, ils ne les ont pas repoussés, mais ils n'ont pas bougé.

«Je tentais de leur expliquer, j'en pleurais même, que ça n'avait pas de bon sens d'user de la violence contre nos jeunes», raconte Hadi Quaderi, professeur au collège de Maisonneuve, qui a été arrêté et accusé de méfait.

Lors du procès présidé par le juge François Beaudoin, l'enseignant a indiqué qu'il voulait protéger l'intégrité physique et les choix démocratiques des élèves en grève, et que si c'était à refaire, il recommencerait. Le juge l'a trouvé coupable et a rendu hier sa sentence.

Des propos jugés «outrageants»

«La défense demande qu'il bénéficie d'une absolution conditionnelle. Mais pour cela, le moins que l'on pourrait espérer, c'est que l'accusé fasse montre de remords, et non d'une attitude méprisante. Ce serait une banalisation ou une invitation pour d'autres à répéter les mêmes gestes que d'octroyer une absolution. Il [M. Quaderi] compare ce tribunal à des tribunaux de pays sous dictature. L'outrance de l'accusé est sans commune mesure avec les faits de la cause. Et en sortant d'ici, il va chercher a se porter victime», a martelé le juge Beaudoin.

La foule de partisans du prof Quaderi qui avait manifesté devant le palais de justice plus tôt hochait la tête d'indignation.

Il a finalement été mis à l'amende. Quant au verdict de culpabilité, il sera contesté en Cour d'appel.

«On vient de prouver que la justice n'est pas la justice, mais un acte politique, qu'elle empêche les gens de contester des lois injustes et de s'opposer à la violence policière», a déploré M. Quaderi à sa sortie du tribunal.

1150$

Somme de l'amende et de la suramende que devra payer Hadi Quaderi

43 001 c)

Article du Code criminel en vertu duquel M. Quaderi a été condamné, et qui stipule que «commet un méfait quiconque volontairement [...] empêche, interrompt ou gêne l'emploi, la jouissance ou l'exploitation légitime d'un bien

4

Nombre d'élèves arrêtés en plus de M. Quaderi lors de la manifestation du 15 mai 2012