Après 25 ans d'existence, le programme musique-études offert par la commission scolaire de Laval risque de disparaître. Il a survécu de justesse cette année grâce à la mobilisation des parents, mais une épée de Damoclès le menace toujours.

«On l'a sauvé in extremis, mais il est toujours menacé, souligne la députée de Sainte-Rose, Suzanne Proulx, du Parti québécois, qui a épaulé les parents dans leurs efforts. On a besoin de trouver une solution à long terme. Il est inconcevable que ce programme disparaisse, il fait partie du patrimoine culturel de Laval.»

Le programme, donné dans cinq écoles primaires et secondaires, recevait auparavant un financement de 450 000$ par année de la commission scolaire.

L'année dernière, les administrateurs, faisant face à des compressions, avaient décidé d'éliminer complètement cette subvention. Cela aurait sonné le glas pour les 800 élèves inscrits au programme.

Financement

Le financement de la commission scolaire a finalement été réduit à 150 000$. Les parents ont sollicité divers organismes et organisé des campagnes de financement pour amasser 50 000$ de plus, ce qui a permis de maintenir le programme pour une année encore.

«On a fait un concert-bénéfice à l'église Sainte-Rose qui a eu beaucoup de succès, mais ç'a demandé un effort colossal, et on a amassé seulement 30 000$», raconte Frédéric Cardin, père de deux enfants au programme musical, qui a participé aux efforts pour éviter sa disparition.

Mais le programme a perdu des plumes, notamment les cours individuels aux élèves. Et les parents doivent maintenant payer l'autobus scolaire s'ils n'habitent pas dans le secteur de l'école.

Pas de réponse du ministère de l'Éducation

La présidente de la commission scolaire de Laval, Louise Lortie, dit être consciente de l'importance d'offrir un programme comme celui-là, notamment pour se démarquer devant les efforts de recrutement des écoles privées.

«Quand nos élèves passent du primaire au secondaire, on en perd 32% vers le privé, alors que la moyenne au Québec est de 27%», dit-elle.

Mais les coûts sont trop élevés pour la commission scolaire, selon elle. «On a demandé une subvention au ministère de l'Éducation, mais on n'a pas de réponse. Il y a eu des efforts pour les programmes sport-études, on reçoit des subventions pour les équipements et les entraîneurs, alors on revendique la même chose pour les programmes axés sur la culture, qui permettent aussi d'éviter le décrochage.»

Motivation

La mère de Caroline Brunet, élève de 6e année, peut en témoigner.

«Ma fille détestait l'école, elle pleurait pour ne pas y aller. Mais depuis qu'elle est en concentration musique, elle est très motivée. Elle a même gagné une bourse et a travaillé ses matières pendant l'été parce qu'elle éprouvait des difficultés», dit la mère, qui préfère rester anonyme.

«Ça sauve des vies! lance Josée Beaudry, dont les trois enfants sont passés par le programme. J'ai vu des enfants de familles perturbées qui se réfugiaient dans la musique, des jeunes qui n'auraient sans doute pas fini leur secondaire, mais qui gagnaient des concours de musique. Il ne faut pas oublier qu'un élève qui ne finit pas son secondaire, ça coûte cher.»

Les coûts du programme peuvent déjà atteindre près de 1000$, selon l'instrument choisi. Si les parents devaient payer entièrement la facture de la portion musicale, elle s'élèverait à 2300$ par élève, ce qui est trop élevé pour plusieurs d'entre eux.