Québec souhaite «faciliter la vie des familles» en instaurant un guichet unique pour les inscriptions dans les centres de la petite enfance (CPE) et les garderies privées subventionnées à 7$ par jour.

La ministre de la Famille, Nicole Léger, estime que la mise en place de cette liste d'attente centralisée permettra aux parents d'éviter de multiplier les démarches pour dénicher une place dans les services de garde éducatifs.

«Le guichet unique vient répondre aux préoccupations des parents du Québec. Les parents veulent des places, ils veulent arrêter de cogner partout», a déclaré la ministre, jeudi matin, dans un CPE de Longueuil.

La nouvelle liste centralisée, qui sera gérée par un «organisme neutre», remplacera les différentes listes d'attente régionales existantes - et si tout se déroule comme prévu, les parents pourront commencer à s'y inscrire en juin 2014, a indiqué Mme Léger.

Le guichet unique regroupera les différentes données contenues dans les guichets régionaux déjà existants et celles des garderies privées subventionnées qui ne sont pas encore inscrites à un guichet régional.

Le service, qui sera offert gratuitement aux parents, permettra aussi au gouvernement de savoir précisément combien de bambins sont en attente d'une place dans l'ensemble du réseau subventionné par Québec - car actuellement, nombreux sont les parents qui s'inscrivent simultanément sur plusieurs listes.

L'annonce de la ministre a été très bien reçue à l'Association québécoise des centres de la petite enfance (AQCPE).

«Avec l'avènement de cette liste centralisée, on va pouvoir avoir un portait précis (des régions) où il manque de places au Québec, donc je pense que ça va favoriser les prochaines phases de développement (de places en garderie)», a fait valoir Hélène Gosselin, présidente de l'AQCPE.

Le guichet unique va par ailleurs «simplifier la vie des parents», a ajouté Mme Gosselin, qui a néanmoins assuré que l'AQCPE allait «assurer une vigie pour que le déploiement de ce guichet-là se fasse de la meilleure façon possible».

La réaction a été tout autre du côté de l'Association des garderies privées du Québec (AGPQ), qui a accusé le gouvernement de lui «enfoncer dans la gorge» une liste qui ne réglera «absolument en rien» les problèmes d'accessibilité et de qualité des services de garde.

«Il manque de places à sept dollars partout au Québec. En quelle façon créer une liste universelle va changer cette situation? Les parents vont continuer d'attendre sur une liste de toute façon», a tonné Sylvain Lévesque, président du regroupement.

En fait, les 325 établissements que représente l'AGPQ voudraient carrément que Québec les laisse gérer leur propre liste, a ajouté M. Lévesque, qui a reproché au gouvernement d'adopter une approche «communiste».

«La ministre pense que parce qu'on a des subventions, nos garderies appartiennent à l'État, s'est-il insurgé. Ce sont des entreprises privées subventionnées. Nos garderies n'appartiennent pas à l'État. C'est de l'ingérence.»

Lors de son annonce, la ministre Léger a éprouvé quelques difficultés à préciser si l'arrivée de ce guichet unique aurait des conséquences sur les politiques d'admission en vigueur dans certaines garderies en milieu de travail qui favorisent les enfants de leurs employés ou encore dans certains établissements qui accordent une priorité à la fratrie.

Son attaché de presse a néanmoins confirmé par après qu'il n'en serait rien.

«Les services de garde ont des politiques d'admission qu'ils doivent déposer au ministère, qui décide s'il les accepte ou non. Ces politiques-là vont rester. C'est simplement qu'avec le guichet unique, elles vont être transparentes et publiques», a affirmé Bruno-Pierre Cyr en entrevue téléphonique à La Presse Canadienne.

En campagne électorale, le Parti québécois s'était engagé à compléter le réseau des CPE en mettant à disposition des parents un total de 250 000 places à contribution réduite. À l'heure actuelle, le réseau compte environ 218 000 places.

L'annonce de jeudi ne change en rien cet objectif, a souligné Nicole Léger.