Une cinquantaine de commissions scolaires sur les 72 que compte le Québec auront en cette rentrée au moins une classe de maternelle à temps plein pour enfants de 4 ans.

C'est ce qu'a révélé à La Presse lundi l'attaché de presse Mathieu Le Blanc, du ministère de l'Éducation.

Qu'en est-il des autres commissions scolaires? «Dans certains cas, le minimum de six élèves inscrits n'a pas été atteint, explique M. Le Blanc. Dans d'autres cas, cela s'explique par l'indice de défavorisation.»

C'est que les maternelles à temps plein à 4 ans - mises en place pour la première fois en cette rentrée automnale - ciblent les enfants de quartiers pauvres, souvent issus de familles monoparentales. Ces enfants étant moins présents dans les centres de la petite enfance (CPE), diverses études ont démontré qu'ils étaient nombreux à accuser un certain retard dès leur entrée à l'école.

Des parents hésitants

Les maternelles à 4 ans ne sont pas obligatoires. En cette rentrée, le but était de mettre en place au moins une de ces classes par commission scolaire, avec un maximum de 18 élèves par classe.

Les grands syndicats représentant les enseignants sont très favorables à cette nouveauté. Cependant, comme l'explique Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l'enseignement, «certains parents ont hésité à inscrire leurs enfants, se demandant quel en était l'avantage. On s'est donc retrouvé avec des endroits où l'on prévoyait sept ou huit inscriptions et où l'on n'a finalement pas eu le minimum requis».

Sylvain Mallette, président de la Fédération autonome de l'enseignement, a lui aussi été exposé aux inquiétudes de certains parents. À l'inverse, il a aussi su qu'un parent avait fait une demande de dérogation pour que son enfant de 3 ans soit admis dans la nouvelle classe de maternelle.

L'idée, insiste M. Mallette, n'est pas du tout «de mettre des enfants de 4 ans en rang d'oignon» ni de remplacer les CPE.

Dans ces maternelles, les enfants de 4 ans joueront, chanteront, réciteront des comptines, amélioreront leur motricité fine et apprendront à socialiser, entre autres choses. Bref, des programmes de préscolarisation, élaborés avec la collaboration des enseignants dans l'espoir de combler les écarts entre les enfants de différents milieux.

«Il y a des listes d'attente dans les CPE, tous n'y accèdent pas, rappelle M. Mallette. C'est sans compter aussi que certaines mères monoparentales se font juger si elles envoient leur enfant dans un CPE, dans le genre: «Cette femme ne travaille même pas, n'est-elle pas capable de s'occuper de ses enfants?»»

Préscolarisation facultative

Peut-on imaginer qu'un jour tous les enfants de la province iront à la maternelle dès 4 ans? À cela, M. Mallette répond que la maternelle à 5 ans a elle-même, en son temps, rencontré une certaine résistance.

En effet, contrairement à l'idée reçue, la maternelle n'est pas obligatoire à 5 ans. La fréquentation scolaire obligatoire commence en première année.

Aujourd'hui, si les maternelles à 5 ans sont très prisées, il serait tout de même hasardeux de prévoir pareil destin aux maternelles pour enfants de 4 ans, croit M. Mallette.

«Les CPE font déjà un très bon travail», dit-il.