Pour la toute première fois au Canada, plus de femmes ont en poche un diplôme d'études postsecondaires que d'hommes. Mais si elles passent davantage de temps sur les bancs d'école, les femmes continuent néanmoins d'oeuvrer dans les champs d'activité qui leur étaient traditionnellement réservés.

> Le rapport de Statistique Canada (PDF)

Dans le dernier volet de l'Enquête nationale auprès des ménages (ENM), qui remplace le défunt recensement, Statistique Canada brosse un portrait de l'actuel marché du travail au pays et de la scolarité des travailleurs. Bilan: les jeunes passent plus de temps à l'école que l'ont fait leurs aînés, les femmes sont plus nombreuses que jamais à décrocher des diplômes, l'Ouest tout comme le Nord continuent d'attirer les travailleurs des quatre coins du pays et les personnes de 55 ans et plus occupent un part grandissante du marché du travail.

Règle générale, les Canadiens prennent goût aux études. Entre 2006 et 2011, le nombre de Canadiens de 25 à 64 ans possédant un diplôme d'études postsecondaires a bondi de 60,7 pour cent à 64,1 pour cent.

Et ils ont raison de le faire, puisque si l'on en croit Statistique Canada, le taux d'emploi s'accroît avec le niveau de scolarité. Lors de l'année de l'enquête, en 2011, pas moins de 81,6 pour cent des diplômés universitaires occupaient un emploi, contre 55,8 pour cent pour les travailleurs sans certificat. Le taux d'emploi national s'élevait à 75,3 pour cent.

Et lorsqu'il est question de niveau de scolarité, les filles sont premières de classe. Pas moins de 64,8 pour cent des femmes entre 25 et 64 ans ont complété des études de niveau postsecondaire, comparé à 63,4 pour cent des hommes. C'est la toute première fois qu'elles surpassent ainsi leurs homologues masculins.

La différence est particulièrement prononcée chez les jeunes de 25 à 34 ans. Pas moins de 59,1 pour cent des femmes de ce groupe d'âge ont atteint le baccalauréat, contre 40,9 pour cent des hommes. Chez les diplômés de médecine, la proportion est encore plus frappante, avec 62,2 pour cent de jeunes femmes contre 37,8 pour cent de jeunes hommes. C'est seulement au niveau du doctorat que les hommes de moins de 35 ans sont plus performants que leurs camarades féminines.

L'écart qui se creuse entre les femmes et les hommes sur le plan de la scolarité est significatif, selon Sylvie Michaud, de Statistique Canada.

«Ça semble être une tendance de fond. Une des tendances les plus importantes, c'est le nombre de femmes qu'on voit dans les métiers de la santé: médecine, vétérinaire, optométrie», a-t-elle noté.

Les Canadiennes ont beau être éduquées, elles continuent de se cantonner à des professions typiquement féminines. Les professions les plus courantes pour les femmes en 2011 étaient adjointe administrative, infirmière, caissière et enseignante. En comparaison, les hommes occupaient des postes de conducteur de camion, directeur de commerce, charpentier-menuisier et concierge. La vente au détail remportait toutefois la première place dans les professions les plus communes, les deux sexes confondus.

Si le portrait du niveau de scolarité de la population autochtone s'embellit, les adultes des Premières Nations âgés de  25 à 64 ans demeure nettement moins nombreux que la population non-autochtone à posséder un titre d'études post-secondaires, à 48,4 pour cent contre 64,7 pour cent.

Migration et vieillissement

Pour trouver du travail, les Canadiens sont nombreux à traverser les frontières des provinces, au bénéfice du Nord et l'Ouest. Aux Territoires-du-Nord-Ouest, 19,2 pour cent des travailleurs vivaient dans une autre province pas moins de cinq ans auparavant. Le Nunavut (17,3 pour cent) et le Yukon (16,1 pour cent) ont des proportions similaires. L'Alberta récolte une belle part du gâteau, avec 7,6 pour cent de travailleurs issus d'une autre province, comparé à seulement 1 pour cent pour le Québec.

Vieillissement de la population oblige, les travailleurs sont également de plus en plus âgés. Les travailleurs de 55 ans et plus représentent désormais 18,7 pour cent des employés au pays, comparé à 15,5 pour cent lors du recensement de 2006.

Cela reste moins élevé qu'au Japon (27,1 pour cent) et qu'aux États-Unis (20,7 pour cent), mais relativement semblable à l'Allemagne et au Royaume-Uni.

Statistique Canada a par ailleurs publié des données concernant le déplacement entre le domicile et le travail. Hormis les 1,1 millions de personnes qui travaillent chez-eux, la voiture demeure le mode de transport privilégié par 74 pour cent des travailleurs, alors que 12 pour cent prennent les transports en commun.

Moins de personnes se rendent au travail à pied, leur proportion ayant chuté de 6,4 pour cent en 2006 à 5,7 pour cent en 2011. Le nombre de travailleurs empruntant leur vélo est demeuré inchangé, à 1,3 pour cent.

Statistique Canada prévient que les données de l'Enquête nationale auprès des ménages de 2011 doivent être comparées avec prudence à celles du recensement de 2006, puisqu'elle se base sur une participation volontaire.