Un comité permanent du ministère du Patrimoine canadien s'intéresserait à la façon dont l'histoire est enseignée au Canada dans les cégeps, les universités, ainsi que les établissements primaires et secondaires, selon ce que rapporte Radio-Canada.

Cette nouvelle action d'Ottawa est vivement critiquée à Québec par le gouvernement Marois.

Selon le ministre délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes, Alexandre Cloutier, le comité fédéral sur l'enseignement de l'histoire outrepasse ses champs de compétence.

«Non seulement c'est piétiner dans les champs de compétences de Québec, mais ça arrive au même moment où le gouvernement fédéral refuse d'ouvrir ses livres pour que lumière soit faite sur le comportement qu'aurait eu l'ancien juge en chef de la Cour Suprême, Bora Laskin, lors du rapatriement de la Constitution.

Si Ottawa veut parler d'histoire, qu'il commence par accepter de parler du débat constitutionnel, un des moments les plus importants de l'histoire du pays», a réagi le ministre Cloutier, lors d'une entrevue à La Presse.

Ce comité, qui est formé majoritairement de députés du Parti conservateur, aurait récemment pris cette décision en huis clos, rapportait hier Radio-Canada.

Le ministère du Patrimoine canadien s'intéresserait à des sujets précis, tels les fondements de la fédération canadienne, la bataille de Vimy lors de la Première Guerre mondiale, la Seconde Guerre mondiale, ainsi que le débat constitutionnel.

«L'enseignement de l'histoire, c'est extrêmement important. Il faut être rigoureux, judicieux dans l'approche. On ne fait pas ça sur le coin d'une table, surtout pas à partir d'Ottawa», a dit M. Cloutier.

Selon le président du Mouvement national des Québécoises et Québécois, le chargé de cours à l'UQAM en histoire à l'Université du Québec à Montréal, Gilles Laporte, Québec est mal placé pour critiquer le gouvernement fédéral.

Si M. Laporte défend également qu'il revienne aux provinces seules de prendre des décisions ou de former des comités pour réfléchir sur comment enseigner l'histoire, il se dit ravi de voir qu'un gouvernement s'intéresse aux questions historiques.

«On a fait des représentations depuis 2009, autant auprès de l'ancien gouvernement libéral que du gouvernement de Pauline Marois. Depuis que le PQ est au pouvoir, ça ne va pas mieux.

Ce qui est symptomatique, à Québec, c'est l'incapacité à gérer la problématique de l'enseignement de l'histoire», défend Gilles Laporte, qui est aussi membre de la Coalition pour l'Histoire.

«Ce qui est intéressant de la démarche d'Ottawa, c'est qu'il réfléchit à l'histoire. Il se comporte en gouvernement qui comprend son devoir de réfléchir à la mémoire collective des Canadiens», défend M. Laporte.

«Ce que je voudrais, dans le fond, c'est que Québec fasse pareil. Mais que fait Québec?», conclut-il.

Le ministère du Patrimoine canadien n'a pas rappelé La Presse.